(Londres) Les ministres des Affaires étrangères du G7 ont discuté mardi d’un possible front commun face à une Chine de plus en plus affirmée sur la scène internationale, lors de leur première réunion en personne en plus de deux ans.  

Au lendemain d’un dîner consacré aux programmes nucléaires de l’Iran et de la Corée du Nord, les chefs de la diplomatie du club des pays riches ont consacré leur première réunion à la Chine, acteur économique incontournable dont la volonté de s’affirmer comme une puissance militaire et d’exercer son influence dans le monde inquiète les capitales occidentales.  

« Notre objectif n’est pas d’essayer de juguler la Chine », a confié le secrétaire d’État américain Antony Blinken lundi à des journalistes.  

« Ce que nous essayons de faire, c’est de faire respecter l’ordre international fondé sur des règles, dans lequel nos pays ont tellement investi ces dernières décennies […] pas seulement dans l’intérêt de nos propres citoyens, mais aussi des peuples à travers le monde, dont la Chine », a-t-il ajouté.  

M. Blinken s’est engagé à une « coopération robuste » avec le Royaume-Uni pour faire pression sur Pékin concernant la répression du mouvement prodémocratie à Hong Kong et celle de la minorité musulmane ouïghoure dans la région du Xinjiang, qualifiée de « génocide » par Washington.  

Porte « ouverte »

Forts de leur « relation spéciale », Londres et Washington ont adopté des approches communes en matière de politique étrangère, en particulier à l’égard de la Russie et de la Chine.

Lors d’une conférence de presse lundi, le ministre britannique des Affaires étrangères Dominic Raab, dont le pays assure la présidence du G7, a déclaré que la « porte était ouverte » à une amélioration des relations avec la Chine, pour travailler avec elle de manière « constructive » notamment en matière de changement climatique. « Mais cela dépend du comportement et des actes », a-t-il ajouté.

Jusqu’à mercredi, les chefs de la diplomatie de l’Allemagne, du Canada, des États-Unis, de la France, de l’Italie, du Japon et du Royaume-Uni tentent de s’accorder sur des réponses conjointes aux menaces mondiales.

Outre la Chine, ils ont discuté de la crise en Birmanie. La Libye, la Syrie et la Russie sont aussi à l’agenda des discussions, avant le sommet des chefs d’État et de gouvernement en juin dans le sud-ouest de l’Angleterre.

Ils doivent évoquer aussi les violences en Éthiopie, l’Iran et la Corée du Nord, la Somalie, le Sahel et les Balkans, autant de « problèmes géopolitiques pressants qui sapent démocratie, libertés et droits humains », selon Londres.

Face-à-face

Le chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell, a expliqué avoir discuté avec M. Blinken de la dernière série de pourparlers à Vienne sur le nucléaire iranien. M. Borrell a qualifié les négociations de « difficiles » et s’est félicité du retour des rencontres en face à face : « c’est ainsi qu’on forge un consensus, qu’on noue des accords », a-t-il déclaré.

Les rencontres entre les participants se font selon un strict protocole en raison de la pandémie, avec délégations réduites, masques, distanciation et parois transparentes.

Le gouvernement britannique a annoncé mardi que les ministres des Finances des pays du G7 se réuniront eux aussi les 4 et 5 juin à Londres.

Le Royaume-Uni assouplit progressivement ses restrictions à mesure que la campagne de vaccination progresse et que les cas de COVID-19 diminuent, alors même que d’autres pays connaissent de nouveaux pics.

Ces disparités ont entraîné des appels pour une action internationale plus importante, notamment un accès plus large aux vaccins, au menu des échanges mercredi.

Les chefs de la diplomatie du G7 seront rejoints par des représentants de l’Union européenne. L’Inde, l’Australie, la Corée du Sud, l’Afrique du Sud et l’Association des nations du Sud-Est asiatique (ASEAN) ont également été conviés.

Depuis sa sortie de l’UE, le Royaume-Uni se tourne vers la région Asie-Pacifique. Il souhaite également des engagements mondiaux plus larges et plus forts en matière de lutte contre le changement climatique, alors qu’il se prépare à accueillir la grande conférence de l’ONU sur le climat (COP26) en novembre.