(Stockholm) Les autorités suédoises ont accusé mardi le renseignement militaire russe d’avoir été à l’origine de plusieurs cyberattaques contre la principale fédération sportive suédoise afin de tenter de discréditer les athlètes du pays nordique.

Les infractions présumées ont eu lieu entre décembre 2017 et mai 2018. Les pirates sont suspectés d’avoir accédé aux données personnelles de plusieurs athlètes suédois, notamment des dossiers médicaux, selon l’agence suédoise de renseignement intérieur et d’antiterrorisme, SÄPO (une abréviation de Säkerhetspolisen, qui veut dire « police de sécurité », en Suédois)

Selon le service suédois, les pirates informatiques à l’origine des attaques contre la Confédération suédoise des sports émanent du 85e Centre principal des services spéciaux (GTsSS) du service de renseignement militaire russe GRU, également connu sous le nom de APT28 ou Fancy Bear.

« Le piratage présumé des données […] est un exemple de l’utilisation du sport pour renforcer l’image de son propre pays tout en discréditant d’autres pays et leurs athlètes », a souligné Daniel Stenling, chef du contre-espionnage à la SÄPO, dans un communiqué.

Peu de noms d’athlètes suédois visés ont filtré, mais la footballeuse Olivia Schough en fait partie, selon le quotidien suédois Aftonbladet.

Les cyberattaques visant la confédération « faisaient partie d’une campagne russe ciblant les organisations nationales et internationales de lutte contre le dopage, comme l’Agence mondiale antidopage ou l’agence américaine, l’USADA », selon le procureur Mats Ljungqvist.

Aucune extradition possible

Le parquet suédois a toutefois expliqué avoir dû abandonner l’enquête judiciaire « en raison de l’absence des conditions préalables nécessaires pour engager une procédure judiciaire à l’étranger ou une extradition vers la Suède ».

L’ambassadeur russe a été convoqué au ministère des Affaires étrangères en vue d’explications, a fait savoir la cheffe de la diplomatie suédoise Ann Linde.

Sur Twitter, celle-ci a dénoncé des « violations graves et inacceptables du secret des données » exercées contre la Confédération suédoise des sports, « en violation des normes en vigueur ».

En raison d’un vaste scandale de dopage et de corruption, la Fédération russe d’athlétisme est suspendue de compétition internationale depuis 2015, et le Tribunal arbitral du sport (TAS) a suspendu la Russie de toutes les compétitions internationales jusqu’à la fin 2022.

En 2018, la justice américaine avait inculpé sept pirates informatiques présumés du GRU, accusés d’avoir cherché à venger leur pays en divulguant en 2016, entre autres, le nom de dizaines d’athlètes bénéficiant d’autorisations d’usage à des fins thérapeutiques (AUT) leur permettant d’utiliser des produits interdits.

Parmi eux, figuraient les Américaines Serena et Venus Williams (tennis), Simone Biles (gymnastique), Elena Delle Donne (basket), les Britanniques Chris Froome, Bradley Wiggins (cyclisme) et Mo Farah (athlétisme) ou encore l’Espagnol Rafael Nadal (tennis).

Selon le parquet américain, les fuites visaient à exercer des représailles, compromettre et délégitimer les efforts de l’AMA dans sa lutte contre le dopage.