(Kiev) Le président ukrainien était jeudi sur le front du conflit où les heurts se multiplient avec les séparatistes prorusses, et a reçu le soutien de Berlin qui a demandé au Kremlin de réduire sa présence militaire aux frontières de l’Ukraine.

La chancelière Angela Merkel a réclamé ce retrait de troupes au président russe Vladimir Poutine, lors d’un entretien téléphonique. Une demande à laquelle Moscou n’a pas répondu.

PHOTO SERVICES DE PRESSE UKRAINIENS, VIA AGENCE FRANCE-PRESSE

Le chef de l’État ukrainien Volodymyr Zelensky serrant la main d’un militaire lors d’une visite au front à l’est de l’Ukraine.

Le chef de l’État ukrainien Volodymyr Zelensky a revêtu lui treillis militaire, gilet pare-balles et masque anti-COVID-19 pour passer en revue des troupes dans les tranchées de la région de Lougansk, théâtre de récents affrontements, selon des images et un communiqué diffusés par la présidence ukrainienne.  

« Il y a une détérioration de la situation dans le Donbass », a déclaré M. Zelensky, déplorant que « des tireurs d’élite tirent sur nos gars » et assurant que « l’armée ripostait » à ces attaques.  

« C’est un honneur pour moi d’être là », a ajouté le dirigeant, qui a remis des médailles à des soldats et salué « l’héroïsme » de ceux qui « protègent les frontières de l’Ukraine ».   

Kiev et les Occidentaux ont ces derniers jours critiqué Moscou pour avoir massé des troupes à la frontière ukrainienne et en Crimée, péninsule annexée par la Russie, alors que les incidents armés meurtriers avec les séparatistes prorusses sont quasi-quotidiens.

Les États-Unis se sont ainsi dits jeudi « de plus en plus préoccupés par la récente escalade des attaques russes dans l’est de l’Ukraine ».  

« Ce sont des signaux extrêmement inquiétants », a affirmé la porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki.  

Jeudi, encore, un militaire ukrainien a succombé à ses blessures, ce qui porte à 26 le nombre de soldats tués depuis le début de l’année, selon M. Zelensky. En 2020, l’Ukraine avait perdu 50 militaires sur la ligne de front, selon la présidence.

Réduire la présence russe

Ces tensions ont été évoquées lors de l’entretien téléphonique entre Vladimir Poutine et Angela Merkel, dont le pays est avec la France co-parrain du processus de paix dans la région.

Mme Merkel lui « a demandé de réduire la présence militaire russe dans l’est de l’Ukraine » pour permettre une désescalade, alors que Moscou affirme que ses mouvements de troupes n’ont rien de menaçant.  

Pour M. Poutine, c’est à l’inverse Kiev qui orchestre des « provocations » afin « d’aggraver volontairement la situation » sur le front.

Le représentant de Moscou dans les négociations de paix, Dmitri Kozak, a prévenu que la Russie pourrait avoir à « défendre » des séparatistes en cas d’opération militaire ukrainienne d’envergure, évoquant la protection de la population locale à laquelle Moscou a distribué des passeports russes.  

Il a en outre estimé que l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN « sera le début de l’effondrement » du pays, réagissant à la demande de Kiev d’accélérer son accession à l’organisation pour adresser un « signal » à Moscou.

Une éventuelle adhésion ukrainienne à l’Alliance atlantique est un chiffon rouge pour la Russie depuis de longues années.  

Pourparlers le 19 avril

Malgré ces tensions, M. Kozak a annoncé des pourparlers entre des conseillers politiques de Kiev, Moscou, Berlin et Paris le 19 avril.  

Ces échanges verbaux musclés et la multiplication des affrontements cette année avec les séparatistes prorusses font suite à une période de trêve durant la deuxième moitié de 2020.

Le Pentagone a annoncé la semaine dernière que les forces américaines en Europe avaient relevé leur niveau d’alerte à la suite des « récentes escalades d’attaques russes dans l’est de l’Ukraine ». Le président Joe Biden a lui assuré M. Zelensky de son soutien « indéfectible ».

La guerre dans le Donbass a commencé en avril 2014, dans la foulée d’une révolution pro-occidentale en Ukraine qui avait aussi été suivie de l’annexion par Moscou de la péninsule ukrainienne de Crimée.  

Ce conflit a fait plus de 13 000 morts et près d’1,5 million de déplacés. L’intensité des combats a largement baissé après des accords de paix de Minsk conclus début 2015, mais le processus politique n’avance pas.

Pour l’Occident et Kiev, le soutien politique, militaire et financier de la Russie aux séparatistes est une évidence, malgré les dénégations répétées de Moscou.