(Copenhague) Après avoir franchi la porte du salon de coiffure fraîchement rouvert, Rune Højsgaard brandit son « Coronapas » sur son téléphone : parmi les premiers en Europe, le Danemark a commencé mardi à utiliser son « passeport » COVID-19, sésame d’un plan de réouverture progressive du pays d’ici fin mai.

Offert sous la forme d’une application sécurisée ou en format papier, il permet pour l’heure d’entrer dans certains petits commerces – coiffeurs, salons de beauté, auto-écoles… – en prouvant soit que le porteur est entièrement vacciné, soit qu’il a déjà contracté la COVID-19 avec un test positif de deux à douze semaines, soit qu’il a effectué un test négatif depuis moins de 72 heures.

« Ça fait trois mois que j’attends de me faire couper les cheveux », confie à l’AFP M. Højsgaard, un informaticien de 42 ans, ravi de pouvoir retrouver le salon.

« J’ai fait un test samedi, il est valable jusqu’à cet après-midi. J’ai l’habitude de me faire tester une ou plusieurs fois par semaine, donc ce n’est pas vraiment un problème pour moi », explique-t-il.

Après près de quatre mois de fermeture, Pernille Nielsen, la coiffeuse, est « excitée » à l’idée de retrouver ses clients.

« Nous avons attendu cette réouverture tellement longtemps ! Maintenant, on fait tout ce qu’on peut pour pouvoir rouvrir et si c’est ça qu’il faut faire [utiliser le Coronapas], alors on le fait », résume la responsable du salon, comptant sur la coopération des clients, qui se sont rués sur les réservations dès qu’elles ont été ouvertes fin mars.

Le Danemark est un des premiers pays en Europe à mettre en place un tel système, alors que la Commission européenne travaille au lancement d’un « certificat vert » numérique pour circuler librement à nouveau dans l’Union européenne.

Dans le pays scandinave, le Coronapas n’est pour le moment pas utilisé pour les voyages, même si le gouvernement en a, à terme, l’intention.

Il sera, en revanche, obligatoire pour accéder aux terrasses dont la réouverture est prévue le 21 avril, puis pour entrer dans les restaurants, les musées, les théâtres et les cinémas à partir du 6 mai.

La réouverture quasi générale est envisagée le 21 mai, date choisie parce qu’elle doit correspondre avec la fin de la vaccination des plus de 50 ans.

Le Coronapas est provisoire, assurent les autorités danoises, mais devrait rester en vigueur jusqu’à ce que la totalité de la population danoise ait eu accès au vaccin, en théorie au cours de l’été.

« Men in Black »

Les entrepreneurs qui n’exigent pas la présentation du Coronapas seront passibles d’une amende d’un minimum de 400 euros (595 $ CAN) et pouvant aller jusqu’à 6000 euros (8920 $) en cas de récidive, a précisé le ministère de la Justice. Pour les clients, l’amende avoisinera les 330 euros (490 $).

Un dispositif coercitif qui suscite aussi des mécontents. Samedi, le mouvement anti-restrictions « Men in Black » organise une nouvelle manifestation à Copenhague, contre le Coronapas.

Pour les commerçants, c’est aussi une nouvelle casquette dont beaucoup se seraient volontiers passés.

« C’est une responsabilité déraisonnable d’imposer [ce contrôle] à un petit commerçant. Cela aurait été bien mieux si, par exemple, la police faisait des visites d’inspection, comme les contrôleurs dans les trains », estime Jakob Brandt, directeur de la fédération de PME SMVdanmark, dans une interview au quotidien Politiken.

Les jeunes qui ont retrouvé partiellement leurs établissements scolaires à partir de mardi ne sont pas soumis à l’exigence du Coronapas, mais un dépistage régulier est fortement recommandé pour tous les élèves de plus de 12 ans et le corps enseignant.

Au Danemark, un des pays européens à la plus forte capacité, plus de 300 000 tests peuvent actuellement être réalisés au quotidien.

Quelque 7 % des 5,8 millions d’habitants du pays scandinave ont été totalement vaccinés – et 13,3 % ont reçu une première dose.

La campagne, qui avait démarré plus vite qu’ailleurs en Europe, est désormais freinée parce que le vaccin d’AstraZeneca reste suspendu dans le royaume en attendant de nouvelles évaluations sur ses effets secondaires.