(Londres) Le gouvernement britannique a présenté mercredi une réforme du système d’asile prévoyant de ne plus accorder les mêmes droits aux personnes entrées légalement ou illégalement, un durcissement promis à la suite du Brexit.

Devant les députés, à la Chambre des communes, la ministre de l’Intérieur Priti Patel a présenté son projet comme « la refonte la plus importante de notre système d’asile depuis des décennies ».

Décourager l’immigration illégale

Décrit comme « juste, mais ferme », il vise à décourager l’immigration illégale et prévoit de traiter différemment les demandeurs d’asile selon qu’ils soient arrivés dans le pays légalement ou illégalement.

De nombreuses personnes arrivant illégalement au Royaume-Uni ont traversé un pays sûr comme la France, où ils auraient pu et dû demander l’asile.

La ministre de l’Intérieur Priti Patel

La ministre Patel a indiqué qu’elle compte décourager ces arrivées illégales.  

Les migrants entrés illégalement au Royaume-Uni et dont la demande d’asile aboutit recevront un nouveau statut de protection, temporaire, et non plus un droit automatique à l’installation. Leurs droits en matière de regroupement familial et leur accès aux prestations sociales seront limités.

Ceux dont la demande d’asile est examinée et refusée seront expulsés « rapidement » du Royaume-Uni. La ministre n’a pas précisé vers où se dérouleraient ces expulsions.

Parallèlement, des voies « légales et sûres » pour demander l’asile au Royaume-Uni seront créées.

« Le Brexit est peut-être un fait, mais les transmigrants ne peuvent pas simplement être renvoyés en Belgique », a déclaré dans un communiqué Sammy Mahdi, secrétaire d’État belge à l’Asile et la Migration. « Le Royaume-Uni a choisi de quitter l’UE et ne peut donc pas continuer à compter sur notre solidarité européenne », a-t-il ajouté, martelant : « Nous n’accueillerons donc pas simplement leurs migrants ».

Boris Johson veut « punir les passeurs »

« Aujourd’hui, nous avançons dans notre engagement de lutter contre les entrées illégales, de punir les passeurs et de protéger ceux qui ont véritablement besoin d’un refuge », a tweeté le premier ministre Boris Johnson.

Durcir les conditions d’immigration constituait un cheval de bataille des partisans du Brexit, désormais réalisé, qui a mis fin à la libre circulation entre le Royaume-Uni et les pays de l’Union européenne.

L’an dernier, 8500 personnes sont entrées au Royaume-Uni en traversant la Manche sur une petite embarcation, et la majorité a demandé l’asile une fois sur le sol britannique, selon des chiffres du ministère.  

183 migrants interceptés mardi

Les autorités britanniques ont intercepté mardi 183 migrants traversant la Manche depuis la France, un record cette année, selon le ministère de l’Intérieur.

« Ces propositions créent un système injuste à deux vitesses, dans lequel le cas d’une personne et le soutien qu’elle reçoit sont jugés sur la façon dont elle est entrée dans le pays et non sur son besoin de protection. C’est inhumain », a réagi Mike Adamson, directeur général de la Croix-Rouge britannique.

L’opposition travailliste a jugé que ces mesures ne « feront pratiquement rien pour empêcher les gens de faire des voyages dangereux » pour atteindre le Royaume-Uni.

Selon les projets du gouvernement, les sanctions encourues par les migrants qui tentent d’entrer illégalement dans le pays seront renforcées, et les passeurs risqueront une peine de prison à perpétuité.

Aucune annonce n’a été faite en revanche concernant un éventuel renvoi des demandeurs d’asile arrivés illégalement sur des territoires comme Gibraltar en attendant que leur demande soit traitée, voire sur de vieux traversiers, comme la presse l’avait évoqué ces derniers mois.

Priti Patel a indiqué que « toutes les options » étaient envisagées, y compris « le renvoi vers des pays tiers ».