(Paris) Confinement, épisode 3 pour près d’un tiers des Français : le gouvernement impose à l’Île-de-France, aux Hauts-de-France et à trois autres départements de fortes restrictions pour « au moins un mois », mais sans fermer les écoles et en privilégiant les activités de plein air.

« La progression de l’épidémie s’accélère nettement » et elle « s’apparente de plus en plus clairement à une troisième vague » de COVID-19 avec les variants, a déclaré le premier ministre Jean Castex au cours d’une conférence de presse.

Il aura attendu jusqu’au dernier moment, mais cette aggravation oblige l’exécutif à imposer « de nouvelles mesures de freinage massives » de l’épidémie à partir de samedi et pour quatre semaines dans 16 départements : les huit départements de la grande région parisienne, les cinq des Hauts-de-France (la région bordée au nord par la Belgique et à l’ouest par la Manche) ainsi que les la Seine-Maritime et l’Eure (également au nord-ouest de la France) et les Alpes-Maritimes (à l’autre bout du pays, dans le Sud-Ouest, à la frontière italienne).

Un Français sur trois reconfiné

Sont ainsi concernés 21 millions d’habitants, dont les 12 millions de la région parisienne, de loin la plus densément peuplée et le poumon économique du pays. Les restrictions pourront être étendues « à d’autres parties du territoire » selon l’évolution du virus, a prévenu le premier ministre.

La France a enregistré jeudi près de 35 000 nouveaux cas de COVID-19 en 24 heures, dépassant la barre des 30 000 pour la deuxième journée consécutive, selon Santé publique France.

La pression sur les services de réanimation, accueillant les malades les plus graves, est repartie à la hausse, avec 4246 malades, contre 4219 la veille, un nouveau plus haut depuis fin novembre. Plus d’un quart de ces patients (1201) sont hospitalisés en Île-de-France.

Les nouvelles restrictions ne sont pas de bonnes nouvelles et je sais la lassitude qui est la vôtre face à cette succession de mesures qui, à l’image du virus lui-même, vont et viennent, évoluent et s’adaptent à mesure que la crise dure.

Le premier ministre Jean Castex

Mais ces mesures sont « absolument indispensables et équilibrées » et « visent à freiner le virus sans nous enfermer », a ajouté le premier ministre qui a finalisé ces restrictions à la mi-journée avec Emmanuel Macron, qui avait affirmé mardi qu’elles seraient « pragmatiques, proportionnées et territorialisées ».

Mesures plus souples

L’exécutif a choisi « une troisième voie », selon Jean Castex, après les deux premiers confinements, celui très strict qui avait débuté il y a un an, le 17 mars 2020, puis celui, plus souple, de l’automne.  

Le chef du gouvernement a ainsi annoncé que le couvre-feu, en vigueur depuis décembre, sera retardé à compter de samedi de 18 h à 19 h, notamment pour tenir compte du passage à l’heure d’été à la fin du mois.

Comme à l’automne, les écoles et collèges resteront ouverts normalement, mais les lycées basculeront tous en « demi-jauge » dans les 16 départements concernés.

En revanche l’éducation physique et sportive des scolaires pourra reprendre normalement et les activités sportives parascolaires en plein air des mineurs seront maintenues, a précisé Jean Castex.

Alors que les beaux jours approchent, « il sera possible de se promener, de s’aérer ou de faire du sport, en journée, sans aucune limitation de durée, mais avec une attestation et à la condition de rester dans un rayon limité à 10 kilomètres autour de chez soi », a annoncé le premier ministre. Dans les 16 départements, les déplacements interrégionaux seront « interdits, sauf motifs impérieux ou professionnels ».

Commerces non essentiels fermés

Les commerces et rayons de grandes surfaces ne rentrant pas dans la liste de ceux « vendant des biens et des services de première nécessité » fermeront leurs portes dans les 16 départements concernés par le reconfinement, dont ceux d’Île-de-France, à partir de ce week-end.

Mais, après leur mobilisation à l’automne, les librairies et disquaires ont gardé le droit de rester ouverts, étant désormais catégorisés comme « de première nécessité ».

Dans une même logique, « toutes les entreprises et administrations qui le peuvent » devront pousser « au maximum » le télétravail pour le mettre en place « au moins quatre jours sur cinq », selon le premier ministre.

Critiques de l’opposition

Avant même la fin de la conférence de presse, des responsables de l’opposition ont vivement critiqué ce nouveau tour de vis. « Le confinement, c’est ce que l’on fait quand on a tout raté », a dénoncé Marine Le Pen (RN). « Retour au Moyen Âge : le confinement. Puis déconfinement. Puis reconfinement. La vis sans fin », a raillé Jean-Luc Mélenchon (LFI), en accusant le gouvernement de n’avoir « rien prévu, rien organisé ».

Pour Damien Abad (LR), « cette décision de reconfinement est la conséquence directe d’une politique de vaccination chaotique. […] Vaccinez et augmentez nos lits de réanimation, sans quoi on devra toujours confiner ».

Mais Jean Castex a défendu la décision prise le 29 janvier par Emmanuel Macron de ne pas reconfiner, malgré les appels de nombreux médecins. « Nous avons bien fait », a-t-il assuré.  

Retour du vaccin AstraZeneca

Plus que jamais, l’exécutif compte sur son programme de vaccination pour sortir de la crise.  

Le premier ministre a annoncé la reprise vendredi après-midi de la vaccination avec le sérum AstraZeneca, suspendue depuis lundi, après les conclusions du régulateur européen jugeant ce vaccin « sûr et efficace ». Pour rassurer, il ira se faire vacciner dès vendredi.  

Malgré cette suspension, la campagne vaccinale a continué de progresser : 5 748 698 personnes ont reçu au moins une injection et 2 393 568 ont eu leurs deux doses, selon la Direction générale de la Santé.