(Bruxelles) Le secrétaire général de l’OTAN, le Norvégien Jens Stoltenberg, a reconnu lundi être « préoccupé » par le comportement de la Turquie et les violations des droits démocratiques dans ce pays, une semaine avant une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Alliance.

« J’ai de sérieuses préoccupations en ce qui concerne les divergences de vues (entre alliés) en Méditerranée orientale, la décision de la Turquie d’acheter le système de défense antimissile russe S400 et les violations des droits démocratiques en Turquie », a-t-il déclaré lors d’une visioconférence avec les membres de la sous-commission Sécurité et Défense du Parlement européen.

« L’OTAN compte 30 alliés différents, avec des géographies différentes, des coalitions au pouvoir différentes », a-t-il observé. « L’OTAN est une plateforme de discussions et son rôle est de réduire les tensions. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas lieu à ne pas être préoccupé », a-t-il insisté.

M. Stoltenberg avait jusqu’à présent minimisé les problèmes posés par le comportement d’Ankara.

« La Turquie est un allié important qui joue un rôle essentiel dans la lute contre Daesh (acronyme arabe du groupe État islamique), qui a subi un nombre important d’attaques terroristes et qui accueille plusieurs millions de réfugiés », avait-il ainsi déclaré lors de son compte-rendu de la réunion des ministres de la Défense de l’OTAN le 17 février.

L’attitude de la Turquie avait été fustigée par l’ancien secrétaire d’État américain Mike Pompeo début décembre et la position de la nouvelle administration du président Joe Biden est très attendue par les alliés membres de l’Union européenne, appelés à se prononcer sur leurs relations avec Ankara lors d’un sommet européen les 25 et 26 mars.

Pour sa dernière participation à une réunion avec ses homologues de l’OTAN, Mike Pompeo avait dénoncé « les manquements » de la Turquie aux règles de l’Alliance et « la politique du fait accompli » adoptée par Ankara dans plusieurs crises régionales.

Il avait également déploré la « prise en otages » par la Turquie des plans de défense et des partenariats envisagés par l’OTAN et accusé Ankara « d’affaiblir la cohésion de l’Alliance ».

Les ministres des Affaires étrangères des 30 pays de l’OTAN vont se réunir les 23 et 24 mars. Ce sera la première participation du nouveau secrétaire d’État américain Anthony Blinken, et selon plusieurs sources, la réunion pourrait se tenir en présentiel, une première depuis le début de la pandémie de COVID-19 en 2020.