(Berlin) Le ministre allemand de la Santé, Jens Spahn, a prévenu vendredi que les premières doses du vaccin Johnson & Johnson (J & J) seraient livrées « au plus tôt » à partir de la mi-avril bien qu’il ait obtenu jeudi le feu vert des autorités européennes.

« Nous avons une autorisation européenne, mais nous savons qu’il y aura des livraisons au plus tôt à la mi ou fin avril », a indiqué le ministre en conférence de presse, peu après l’homologation du vaccin Johnson & Johnson par les autorités de santé européennes.

« Il est important que la Commission européenne en tant que signataire du contrat avec J & J mène des discussions », a-t-il ajouté, sans préciser les raisons de ce délai de livraison.

Alors que pour les trois précédents laboratoires (BioNTech/Pfizer, Moderna et AstraZeneca), les livraisons avaient quasiment débuté dans la foulée de leur autorisation de mise sur le marché, les Européens devront encore patienter avant les premières injections.

« Le contrat (avec Johnson & Johnson) a été signé en octobre, la question doit donc être posée de savoir ce qui s’est passé », a martelé M. Spahn, précisant que 300 millions d’euros (près de 450 millions de dollars canadiens) avaient été versés en avance pour que le groupe puisse accroître ses capacités de production.  

Restrictions à l’exportation ?

Également interrogé vendredi sur le motif de ce retard, le porte-parole d’Angela Merkel, Steffen Seibert, a évoqué la réticence des États-Unis à exporter des doses hors de leur pays comme une explication possible au problème d’approvisionnement de l’Europe.  

Alors que les vaccins produits en Europe sont livrés dans le monde entier, d’autres pays comme les États-Unis et le Royaume-Uni n’exportent « presque rien », a déclaré M. Seibert.

« C’est également un point dont la Commission européenne discutera… avec les entreprises et les gouvernements des autres pays », a-t-il ajouté.

Si le laboratoire Johnson & Johnson dispose de sites de production pour son vaccin en Europe, ses doses sont ensuite envoyées aux États-Unis pour le processus dit de « remplissage et finition », c’est-à-dire l’embouteillage et le conditionnement.

Au moment d’être réexporté vers l’Europe, ce produit fini tombe sous le coup du décret « Defense Production Act », signé sous la présidence de Donald Trump, qui exige que les Américains aient la priorité sur les vaccins fabriqués dans leur pays, restreignant de facto les exportations de vaccins fabriqués aux États-Unis.

Le feu vert de l’Union européenne au produit de Johnson & Johnson est censé être un coup de pouce au programme de vaccination de l’UE, particulièrement critiqué en Allemagne, mais aussi dans d’autres pays en raison de sa lenteur.

L’UE a signé pour une commande ferme de 200 millions de doses de ce vaccin américain, à laquelle s’ajoute une option pour 200 millions supplémentaires.

Le groupe a confirmé jeudi son engagement à fournir 200 millions de doses d’ici la fin de l’année, sans préciser de calendrier.

Ce vaccin est le premier, bénéficiant d’un feu vert dans l’Union, à ne nécessiter qu’une seule injection au lieu de deux, en plus de pouvoir être stocké à des températures de réfrigérateur.

La Suède s’attend de son côté à recevoir près de 3,3 millions de doses de moins que prévu du vaccin AstraZeneca au cours du premier semestre, ont annoncé vendredi les autorités sanitaires de ce pays.

La ministre de la Santé Lena Hallengren a évoqué sur la télévision publique SVT « les interdictions d’exportation de l’Inde et des États-Unis ». « En collaboration avec d’autres pays de l’UE, nous examinons la situation et les mesures possibles. »