(Berlin) Les crimes et délits liés à l’extrême droite devraient atteindre en 2020 en Allemagne leur niveau le plus élevé depuis 2001, selon des chiffres du gouvernement allemand publiés jeudi.

Quelque 23 080 actes aux motivations racistes, antisémites ou dirigés contre le système démocratique ont ainsi été recensés en 2020 par la police, selon ces données encore provisoires du gouvernement et susceptibles de grimper encore.

Ils ont été transmis à l’une des vice-présidentes de la Chambre des députés allemands, Petra Pau, qui les a publiés.

Ce chiffre est d’ores et déjà supérieur aux 22 742 actes identifiés en 2019, eux-mêmes en hausse par rapport à 2018 (20 431). Ces crimes et délits sont répertoriés depuis 2001.

Le record avait enregistré en 2016 (23 555), marquée par l’accueil en Allemagne de centaines de milliers de réfugiés syriens et irakiens et devrait au final être battu, la police continuant d’enregistrer des centaines d’actes avant la publication des statistiques définitives en mai.

L’éventail des crimes et délits est très large, du salut hitlérien aux coups et blessures, en passant par les actes de vandalisme et les meurtres.

La police a comptabilisé neuf morts. Il s’agit des neuf victimes d’origine étrangère tuées dans des bars à chicha en février 2020 à Hanau (Hesse) par un extrémiste lié à la mouvance complotiste.  

Au total, au moins 1054 agressions physiques ont été signalées, selon les chiffres publiés par Petra Pau, députée de la gauche radicale Die Linke.

Au moins 307 personnes ont été blessées dans des violences et agressions motivées par des idées d’extrême droite.

La police a enquêté sur près de 6000 suspects en 2020, pour aboutir au final à 61 arrestations.

La pandémie, selon Mme Pau, a eu comme la crise des réfugiés en 2016 un effet « amplificateur ».

La mouvance antimasques, assez active en Allemagne, a ainsi organisé de nombreuses manifestations.

Une d’entre elles, à laquelle participaient le 29 août à Berlin nombre de militants d’extrême droite, s’est soldée par une tentative d’intrusion dans l’enceinte du Bundestag, repoussée in extremis par une poignée de policiers.

En 20 ans, quelque 360 000 crimes et délits ont été attribués à des néonazis ou militants d’extrême droite. La violence d’extrême droite a fait au moins 109 morts depuis 2001, selon le gouvernement d’Angela Merkel.

Le terrorisme d’extrême droite a été érigé par les autorités au premier rang des menaces contre l’ordre démocratique national.

Des complices d’un groupuscule qui avait commis des attaques à l’explosif contre des foyers d’immigrés et une permanence d’un parti de gauche en 2015 ont encore écopé jeudi à Dresde de peines de prison ferme ou avec sursis.