(Paris) Face à la hausse de la circulation de la COVID-19 et à la menace d’une forme plus contagieuse, le gouvernement se tient prêt à prendre de nouvelles restrictions sanitaires, même si un reconfinement national ne semble pas à l’ordre du jour dans l’immédiat.

« Il y aura probablement un certain nombre de mesures plus strictes à prendre », a prévenu sur TF1 Jean-François Delfraissy, à la tête du Conseil scientifique qui guide le gouvernement dans sa gestion de l’épidémie. Toutefois, « on n’est pas dans l’extrême urgence. Laissons-nous quelques jours pour voir […] », a-t-il ajouté, refusant de donner son avis sur l’hypothèse d’un reconfinement.

Selon un schéma devenu habituel, des décisions pourraient être prises mercredi lors d’un conseil de défense sanitaire autour du chef de l’État à l’Élysée, avant une nouvelle conférence de presse gouvernementale jeudi.

Le chef du gouvernement, Jean Castex, a indiqué lundi lors d’une réunion avec les chefs de groupes parlementaires que « le couvre-feu suffit », semblant écarter un troisième reconfinement dans l’immédiat.

Mardi, le Var et la Drôme ont rejoint les 23 départements, principalement dans l’est de la France, appliquant déjà le couvre-feu avancé à 18 h.

L’ajout de territoires, voire une généralisation du couvre-feu à 18 h, fait partie des hypothèses à l’étude, selon plusieurs sources proches du gouvernement.

La semaine dernière, les bars, restaurants et lieux culturels avaient déjà vu leur réouverture repoussée, courant février dans le meilleur des cas, même si une réévaluation de la situation est prévue le 20 janvier, a rappelé la ministre Roselyne Bachelot devant la commission des affaires culturelles de l’Assemblée.

Quant aux universités, où la situation mentale des étudiants inquiète, elles n’ont repris qu’au compte-gouttes à la rentrée.

Plus de 19 000 cas

Mais les indicateurs penchent vers une circulation plus forte du virus.  

En Île-de-France par exemple, le taux d’incidence, qui mesure le nombre de nouveaux cas pour 100 000 habitants sur une semaine, a bondi en un jour de 148 à 186, selon des chiffres arrêtés au 8 janvier, alors que l’exécutif a fixé à 200 le seuil à partir duquel le couvre-feu peut être avancé de 20 h à 18 h.

Mardi, les hôpitaux accueillaient 24 703 patients atteints de la COVID-19, dont 2678 en réanimation, un niveau toujours élevé qui n’a pas sensiblement baissé depuis près d’un mois.  

Selon les données de Santé publique France mardi, 19 753 nouveaux cas de COVID-19 ont été enregistrés en 24 heures. Un chiffre en ligne avec ceux de la semaine précédente. Au total, 68 802 malades atteints par le virus sont morts depuis le début de l’épidémie, dont 362 en 24 heures.

Au-delà de « l’effet Noël et jour de l’An », le gouvernement surveille la circulation du variant « VOC 202 012/01 », qui a provoqué une flambée épidémique au Royaume-Uni et submerge les hôpitaux. Il représente environ 1 % des tests positifs à la COVID-19 en France, selon les résultats préliminaires d’une enquête menée sur deux jours la semaine passée, a indiqué mardi le ministre de la Santé, Olivier Véran.

Plusieurs foyers potentiels de ce variant, réputé plus contagieux, ont été repérés dans le pays.

« Ce qui arrive à l’Angleterre risque de nous arriver. Le problème, c’est pas si ça va nous arriver, mais quand », a exposé sur RTL Anne-Claude Crémieux, professeure en maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Louis à Paris.

Plus de temps ?

« Peut-être a-t-on un peu plus de temps qu’eux. Et là, il faut utiliser ce temps pour s’organiser pour vacciner », a-t-elle insisté.

Passée la vive polémique sur le démarrage au compte-gouttes de la vaccination, le rythme s’est un peu accéléré avec l’élargissement de la campagne aux professionnels de santé, pompiers, ou aides à domicile de plus de 50 ans ou à risques de formes graves de la COVID-19.

Près de 190 000 personnes ont reçu leur première injection du vaccin, destiné en priorité aux personnes âgées résidant dans les maisons de retraite (Ehpad), selon la Direction générale de la Santé mardi soir.

« Nous allons continuer sur cette ligne-là pour atteindre peut-être même 400 000 en fin de semaine, c’est l’objectif », a déclaré la ministre déléguée à l’Autonomie, Brigitte Bourguignon, sur Public Sénat, tandis que le ministre de la Santé Olivier Véran a réaffirmé l’objectif du million de vaccinés avant fin janvier.

La France disposait la semaine dernière d’environ 1 million de doses du vaccin Pfizer/BioNTech, dont elle attend 500 000 doses hebdomadaires, auxquels s’ajoutent 50 000 doses cette semaine du vaccin Moderna. Au total, le gouvernement attend 2,6 millions de doses en janvier.

Prochaine étape de la campagne de vaccination, les plus de 75 ans ne résidant pas en Ehpad, à partir du 18 janvier.