(Londres) Le Royaume-Uni espère bientôt pouvoir vacciner des centaines de milliers de personnes par jour dans sa « course contre la montre » contre le nouveau coronavirus, qui menace de submerger le système de santé, a déclaré jeudi le premier ministre Boris Johnson.

Au lendemain de l’entrée en vigueur du troisième confinement en Angleterre, les hôpitaux britanniques, confrontés à un afflux de malades de la COVID-19, approchent de la saturation, au point de chercher des lits disponibles dans les maisons de retraite.  

« Nous sommes dans une course contre la montre. Mais je peux vous assurer que nous faisons tout ce que nous pouvons pour vacciner autant de personnes que nous pouvons à travers le Royaume-Uni », a déclaré Boris Johnson lors d’une conférence de presse, évoquant « un effort national sans précédent ».

PHOTO JACOB KING, AGENCE FRANCE-PRESSE

L’infirmière Sue Toye, 51 ans, une des premières personnes à recevoir, dans le cadre de ses fonctions, le vaccin Oxford/AstraZeneca contre la COVID-19.

Pour répondre à cet ambitieux défi, les autorités tablent sur une augmentation des approvisionnements en vaccins, des lieux de vaccination et des équipes pouvant les administrer, ainsi que sur le soutien de l’armée.

D’ici à la fin de la semaine prochaine, plus de 1000 centres médicaux et 223 hôpitaux seront mobilisés, ainsi que sept centres de vaccination « géants » et 200 pharmacies, selon Boris Johnson.  

« Si tout va bien, tout cela ensemble devrait offrir une capacité permettant d’administrer des centaines de milliers de vaccins par jour d’ici au 15 janvier », a-t-il souligné.

Confronté à une flambée des contaminations attribuée à un variant du virus (+52 618 cas jeudi), le Royaume-Uni a dépassé pour le deuxième jour consécutif le millier de décès enregistrés en 24 heures. Le pays, le plus endeuillé par l’épidémie en Europe, comptabilise désormais au total 78 508 décès dus à la COVID-19.  

Le gouvernement compte surtout sur le confinement, officiellement entamé mercredi en Angleterre, et le déploiement accéléré des deux vaccins autorisés, ceux de Pfizer/BioNTech et d’Oxford/AstraZeneca, pour redresser la barre.

L’objectif est de vacciner d’ici mi-février les plus de 70 ans, les soignants et les personnes vulnérables, soit environ 15 millions de personnes qui représentent 88 % des décès, selon Boris Johnson. Près de 1,5 million de personnes ont déjà été vaccinées depuis début décembre.  

« Accélération énorme »

« Nous avons besoin d’une accélération énorme si nous voulons, au cours des cinq prochaines semaines, vacciner plus de gens que nous vaccinons habituellement en cinq mois lors de la campagne contre la grippe hivernale. Nous avons 39 jours pour le faire », a souligné Simon Stevens, le chef du service public de santé en Angleterre.  

Le Royaume-Uni comptait jeudi plus de 30 000 patients atteints du virus COVID-19 dans les hôpitaux, 50 % de plus qu’au pic du printemps. Quelque 10 000 malades supplémentaires ont été admis depuis Noël, soit l’équivalent de 20 hôpitaux remplis de patients atteints par le coronavirus, a-t-il souligné.

« Nous arrivons à un point où les lits d’hôpitaux sont remplis », a expliqué à la BBC Chris Hopson, responsable de NHS Providers, organisation qui représente les établissements publics de soins. Des lits disponibles sont recherchés ailleurs, comme dans les maisons de retraite médicalisées.

Même si le nombre de patients augmentait selon les projections les plus optimistes, il manquerait 2000 lits en soins généraux et intensifs dans les hôpitaux de Londres d’ici au 19 janvier, a indiqué le Health Service Journal, citant une information communiquée par le service public de santé en Angleterre aux responsables d’hôpitaux.

Face à cette situation critique, le ministre de la Santé Matt Hancock a annoncé jeudi que les patients hospitalisés en soins intensifs pourraient bénéficier dès à présent de deux nouveaux médicaments, le tocilizumab et le sarilumab.  

Selon un communiqué du ministère de la Santé, ces médicaments habituellement utilisés contre les rhumatismes permettent de réduire de 24 % la mortalité pour les patients en état critique et de 7 à 10 jours en moyenne le temps passé en soins intensifs.