(Londres) Finies les pintes entre amis au pub : l’Angleterre s’est reconfinée jeudi pour un mois dans l’espoir de ralentir la deuxième vague de nouveau coronavirus qui déferle sur le pays.

La mesure annoncée samedi par le premier ministre Boris Johnson a été votée par les députés mercredi à une large majorité, malgré l’opposition de 32 parlementaires de son camp conservateur, qui dénoncent les conséquences sur l’économie du pays, déjà affaiblie par la pandémie.

Pour apaiser les inquiétudes, Boris Johnson a promis que ce deuxième confinement se terminerait le 2 décembre. « Mais pour cela, il faut que chacun d’entre nous y mette du sien pour faire baisser le (taux de reproduction du virus) R. Je ne doute pas que nous puissions le faire », a-t-il déclaré devant les députés.  

Mais l’hypothèse d’une extension n’est pas définitivement écartée, a souligné le ministre de la Justice, Robert Buckland, sur la chaîne Sky News. « Nous ne pouvons rien exclure dans cette crise », a-t-il souligné, précisant toutefois que toute extension nécessiterait un nouveau vote au Parlement. Et des députés conservateurs ont d’ores et déjà prévenu que la rébellion pourrait être plus forte encore.  

Après avoir résisté pendant des semaines à un confinement général, Boris Johnson s’est finalement plié à cette option, le virus se répandant plus rapidement que dans les pires scénarios envisagés par ses conseillers scientifiques, faisant craindre que les hôpitaux soient rapidement débordés.

Le Royaume-Uni, pays le plus endeuillé d’Europe avec près de 48 000 morts de personnes testées positives au virus, et plus d’un million de cas recensés, s’était confiné entièrement fin mars dernier, lors de la première vague du virus.

Ecoles ouvertes

Si les écoles et universités restent cette fois-ci ouvertes, les cafés, pubs, restaurants et commerces non essentiels doivent fermer sauf s’ils proposent de la vente à emporter.

Les habitants sont priés de travailler de chez eux et ne doivent quitter leur domicile que pour des raisons précises comme faire de l’exercice, se rendre à un rendez-vous médical ou faire des courses alimentaires.  

Voyager à l’intérieur du pays ou à l’étranger est interdit, à quelques exceptions près.

Ce reconfinement est spécifique à l’Angleterre, qui compte 56 millions d’habitants. L’Écosse, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord décident de leur propre stratégie pour lutter contre le virus.

Après ce mois de confinement national, Boris Johnson espère revenir à une approche locale, avec des restrictions imposées à chaque région selon le taux d’incidence du virus.

Pour amortir les effets sur l’économie, il a annoncé un prolongement du mécanisme de chômage partiel mis en place au printemps et qui était censé expirer fin octobre. Le ministre des Finances Rishi Sunak détaillera les mesures de soutien financier à la Chambre des communes jeudi.

La Banque d’Angleterre, qui se montre plus pessimiste sur ses prévisions de croissance en 2020 et 2021, a musclé son programme de rachat d’actifs pour doper l’économie britannique en mettant 150 milliards de livres sterling de plus sur la table, sans toucher à son taux directeur.  

« Un cauchemar »

Il n’empêche, ce reconfinement alarme commerçants et chefs d’entreprises. Pour la fédération britannique des commerçants, le BRC (British Retail Consortium), c’est « un cauchemar » à l’approche de Noël, période habituellement faste.

« On va payer ça pendant des années. Cette fermeture nous coûtera des milliers (de livres) supplémentaires, sur des milliers déjà engagés », a déploré auprès de l’AFP Joe Curran, propriétaire du pub The Queen’s Head, dans le quartier londonien de Soho.  

Le chef de l’opposition, Keir Starmer, qui plaidait depuis des semaines pour un confinement court pour bloquer la progression du virus, a dénoncé la « lenteur » de réaction de Boris Johnson et l’a appelé à « réparer le système de dépistage et de traçage ».

Tout en reconnaissant des défaillances dans ce système, Boris Johnson a souligné mercredi que le gouvernement avait atteint son objectif d’une capacité de 500 000 dépistages quotidiens fin octobre.  

Le dirigeant compte sur les progrès du dépistage de la COVID-19 pour accompagner un futur déconfinement. Un essai de dépistage massif débutera vendredi à Liverpool (nord de l’Angleterre), l’une des villes les plus touchées par le virus, où les quelque 500 000 habitants pourront être régulièrement dépistés, qu’ils présentent ou non des symptômes. S’il est concluant, ce dépistage massif pourrait être déployé ailleurs dans le pays.