(Vienne) Une chasse à l’homme a été lancée dans la nuit de lundi à mardi à Vienne après l’attentat qui a fait au moins trois morts et semé la terreur dans la capitale autrichienne, une « attaque terroriste » selon le chancelier Sebastian Kurz.

Un des assaillants, dont le nombre n’est pas connu, était toujours recherché vers 5 h GMT (0h00 HE).  

« Au moins un suspect se trouve en fuite », a déclaré le ministre autrichien de l’Intérieur, Karl Nehammer. L’attaque survient peu après des attentats islamistes commis en France.

Selon le quotidien allemand Bild, l’auteur principal de l’attaque serait un membre de l’organisation État islamique qui aurait annoncé l’action lundi sur Instagram.  

À Vienne, le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Harald Sörös, a réagi avec prudence à l’information de Bild. « Nous ne pouvons pas confirmer cela pour le moment », a-t-il déclaré à l’agence de presse autrichienne APA. « Mais nous enquêtons dessus et nous espérons pouvoir donner des informations lors d’une conférence de presse prévue pour 6 h » heure locale.

Les tirs ont éclaté en début de soirée, à quelques heures de l’entrée en vigueur d’un reconfinement de l’Autriche pour lutter contre la pandémie de coronavirus.

Le drame s’est déroulé en plein cœur de la capitale autrichienne, près d’une importante synagogue et de l’Opéra. « À ce stade, il n’est pas possible de dire si la synagogue » était la cible des tireurs, a déclaré Oskar Deutsch, le président de la communauté israélite de Vienne (IKG).

« Au moins 50 coups de feu »

En tout, « six lieux différents » ont été visés par les tirs, selon la police.

Des témoins ont raconté avoir vu un homme tirer « comme un fou » avec une arme automatique. « On aurait dit des pétards, puis on a réalisé qu’il s’agissait de coups de feu », a expliqué l’un d’eux sur la chaîne de télévision publique ORF.

Un témoin interrogé à la télévision a dit avoir vu « une personne courir avec une arme automatique », un autre faisant état d’« au moins 50 coups de feu ».

La stupeur s’est aussitôt installée dans les restaurants et les bars du quartier, où les clients ont été priés de rester à l’intérieur, lumières éteintes, pendant que les sirènes des ambulances hurlaient à l’extérieur.  

Hélicoptères survolant les lieux, cordons de police, contrôles aux frontières, soldats et policiers mobilisés pour retrouver l’agresseur en fuite : la ville de Vienne s’est rapidement muée en zone retranchée, tandis que le chancelier Kurz condamnait « une attaque terroriste répugnante ».

Selon les autorités, deux personnes ont été tuées dans l’attaque et un des assaillants a été abattu par la police, intervenue rapidement sur les lieux et dont l’un des membres a été blessé.

La première victime est un passant et la deuxième une femme décédée des suites de ses blessures, selon des déclarations à ORF du maire de Vienne, Michael Ludwig, qui a aussi fait état de 15 personnes hospitalisées, dont sept dans un état grave.

Peu de temps après, les spectateurs de l’Opéra ont quitté sous escorte la représentation à laquelle ils assistaient, la dernière avant le confinement.

« Restez à la maison ! »

Le ministre de l’Intérieur a appelé les habitants à être prudents et à rester chez eux. « Restez à la maison ! Si vous êtes dehors, réfugiez-vous quelque part ! Restez loin des lieux publics, n’utilisez pas les transports ! », a lancé la police sur son compte Twitter.

Des policiers et des soldats ont été mobilisés pour protéger les bâtiments importants de la capitale, et les enfants ont été dispensés d’école mardi.

« Nous ne nous laisserons jamais intimider par le terrorisme et nous combattrons ces attaques avec tous nos moyens », a affirmé le chancelier Kurz.

L’attentat a suscité de nombreuses condamnations à travers le monde.

« Ces attaques du mal contre des innocents doivent s’arrêter », a déclaré le président américain Donald Trump. « Les États-Unis se tiennent aux côté de l’Autriche, de la France, et de l’Europe toute entière dans le combat contre les terroristes, dont les terroristes islamiques radicaux », a-t-il dit.

L’Union européenne a condamné « avec force » cette « horrible attaque », selon les mots sur Twitter du président du Conseil européen Charles Michel, évoquant « un acte lâche » qui « viole la vie et nos valeurs humaines ».

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a écrit, également sur Twitter : « L’Europe est totalement solidaire de l’Autriche. Nous sommes plus forts que la haine et la terreur ».

« Nos ennemis doivent savoir à qui ils ont affaire. Nous ne céderons rien », a réagi le président français Emmanuel Macron.

L’Allemagne a aussi fait part de sa solidarité.  

Climat tendu en Europe

Cet attentat, dans une ville où la criminalité est habituellement très faible, intervient dans un climat très tendu en Europe.  

En France, trois personnes ont été tuées jeudi dans une attaque au couteau à la basilique Notre-Dame-de-l’Assomption de Nice (sud-est) par un jeune Tunisien récemment arrivé en Europe.

Quelques jours auparavant, la décapitation de Samuel Paty, professeur d’histoire qui avait montré des caricatures de Mahomet à ses élèves dans un cours sur la liberté d’expression, avait choqué en France et au-delà.

L’Autriche avait été jusqu’ici été relativement épargnée par la vague d’attentats islamistes survenue en Europe ces dernières années.

En mars 2018, un jeune homme, symphatisant islamiste selon la police, avait attaqué au couteau un membre des forces de l’ordre devant l’ambassade d’Iran à Vienne avant d’être abattu.

En juin 2017, un homme né en Tunisie avait tué un couple âgé à Linz. Il avait déclaré avoir voulu faire un exemple car il se sentait discriminé en tant qu’étranger et musulman.