(La Haye) Un ancien commandant de la guérilla indépendantiste albanaise a comparu lundi devant le tribunal spécial chargé de juger à La Haye des crimes de guerre commis au Kosovo pendant la guerre d’indépendance.

Salih Mustafa, un ancien commandant de l’Armée de libération du Kosovo (UCK), est devenu le premier suspect à comparaître devant le tribunal créé en 2015.

Le bureau du procureur avait annoncé jeudi l’arrestation de M. Mustafa, 48 ans, pour des accusations de meurtre et de torture. Il est détenu dans un centre de détention du tribunal spécial, aux Pays-Bas.

Le juge Nicolas Guillou lui demandant s’il souhaitait plaider coupable ou non coupable, M. Mustafa a répondu : « Je ne plaiderai pas aujourd’hui, je consulterai mon avocat ».

Le juge a déclaré que M. Mustafa aurait « amplement l’occasion de contester les accusations » durant la suite de la procédure, et a ajourné l’audience jusqu’au début de la semaine prochaine.

Salih Mustafa est accusé de détention arbitraire, de traitements cruels et de torture d’au moins six civils dans un centre de détention en avril 1999 à Zllash, au Kosovo, et du meurtre d’un prisonnier.

En tant que membre de l’UCK, il avait été actif pendant la guerre dans le nord du Kosovo. Il a dirigé ensuite les services de renseignement de la Force de sécurité du Kosovo, une force légèrement armée issue de l’UCK lorsque cette dernière a été démilitarisée.

M. Mustafa est actuellement administrateur civil au sein du ministère kosovar de la Défense.

PHOTO VISAR KRYEZIU, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Le président kosovar Hashim Thaci

Le président Hashim Thaci, ancien chef politique de l’UCK, a été le premier responsable kosovar à faire face en juin à des accusations de crimes de guerre devant le tribunal spécial à La Haye. Il a été interrogé mais pas officiellement arrêté.

Le conflit (1998-1999), qui a fait 13 000 morts, a opposé, dans ce qui était à l’époque une province du sud de la Serbie, la guérilla indépendantiste aux forces serbes. C’est une campagne de bombardements menée par les forces de l’OTAN pendant 11 semaines qui a mis fin au conflit, obligeant les forces serbes à se retirer.