(Londres) Le premier ministre britannique Boris Johnson a réclamé mercredi une « enquête complète et transparente » sur l’empoisonnement de l’opposant au Kremlin Alexeï Navalny, dans un contexte tendu entre Londres et Moscou.

« L’empoisonnement d’Alexeï @navalny a choqué le monde. Le Royaume-Uni exprime sa solidarité envers lui et sa famille. Nous avons besoin d’une enquête complète et transparente sur ce qui s’est passé. Les auteurs (de cet acte) doivent être tenus responsables et le Royaume-Uni se joindra aux efforts internationaux pour garantir que justice soit rendue », a déclaré le dirigeant conservateur sur Twitter.

« Nous avons eu des empoisonnements de personnes qui se sont fâchées avec le régime russe et qui ont quitté la Russie, nous sommes habitués-nous avons vu ce qui s’est passé avec Alexander Litvinenko, ce qui est arrivé à Sergueï et Ioulia Skripal dans notre pays », a rappelé à des journalistes Boris Johnson.  

Bête noire du Kremlin, à la tête du Fonds contre la corruption, qui épingle les élites, Alexeï Navalny a été admis le 20 août en réanimation dans un hôpital d’Omsk après un malaise dans un avion qui devait le ramener à Moscou depuis Tomsk, en Sibérie.  Il y est resté deux jours avant d’être évacué vers l’Allemagne.  

L’UE, Washington, Paris, Berlin et Londres ont déjà exhorté les autorités russes à établir la vérité, après que les médecins allemands traitant M. Navalny à Berlin eurent conclu lundi qu’il présentait des « traces d’empoisonnement ».

Le secrétaire général de l’Alliance atlantique Jens Stoltenberg a aussi appelé mercredi à une enquête « transparente ».

De son côté le Kremlin a jugé prématurées les conclusions selon lesquelles son ennemi numéro 1 aurait été la victime d’une action criminelle.

Les relations entre le Royaume-Uni et la Russie sont particulièrement tendues depuis l’empoisonnement au Novichok, un agent innervant, d’un ex-espion russe, Sergueï Skripal, et de sa fille Ioulia en mars 2018 à Salisbury, dans le sud-ouest de l’Angleterre.

Le Kremlin a démenti toute implication, mais l’affaire a abouti à une vague d’expulsions croisées de diplomates entre Londres et ses alliés, et Moscou, d’une ampleur sans précédent depuis la fin de la Guerre froide.

En 2006, Alexandre Litvinenko, un ex-agent du FSB (services secrets russes) exilé et devenu opposant au Kremlin, est mort après trois semaines d’agonie à la suite d’un empoisonnement au polonium-210, une substance radioactive extrêmement toxique.

Outre ces empoisonnements, le Royaume-Uni accuse la Russie d’ingérences dans les élections.

Londres a mis en cause le mois dernier des « acteurs russes » dans des interférences pendant la campagne pour les législatives de décembre 2019.

Le Royaume-Uni, avec les États-Unis et le Canada, ont en outre accusé les services de renseignement russes d’être derrière des attaques menées par des hackers pour faire main basse sur des recherches concernant un vaccin contre le coronavirus, ce qu’a vivement démenti le Kremlin.