(Moscou) La diplomatie russe a jugé lundi que la conversion en mosquée de l’ex-basilique Sainte-Sophie à Istanbul était une « affaire intérieure » de la Turquie, des propos mesurés après les critiques de l’Église orthodoxe russe.

« Nous considérons qu’il s’agit d’une affaire intérieure de la Turquie et ni nous, ni d’autres ne doivent s’ingérer », a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Verchinine, cité par l’agence publique RIA Novosti.

« Nous ne pouvons pas toutefois ne pas attirer l’attention sur l’importance de ce site du point de vue de la culture et de la civilisation mondiales », a-t-il ajouté.

La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a ajouté dans un communiqué espérer que « tout développement concernant ce monument unique tiendra compte de son importance exceptionnelle pour les croyants du monde entier » et « correspondra pleinement au statut de site du patrimoine mondial de l’UNESCO ».

Elle a relevé que « pendant de nombreuses décennies, Sainte-Sophie a été un symbole de paix et d’harmonie interreligieuse », « renforçant la tolérance religieuse et de dialogue entre les peuples ».

Ces déclarations interviennent alors que l’Église orthodoxe russe avait, elle, regretté vendredi que l’« inquiétude » de « millions de Chrétiens » n’ait pas été entendue par la Turquie, après la décision du plus haut tribunal administratif turc de révoquer le statut de musée à Sainte-Sophie.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a ensuite annoncé que l’ex-basilique serait ouverte aux prières des musulmans en tant que mosquée le vendredi 24 juillet.

Cette décision a provoqué une avalanche de critiques internationales, de Washington à Paris en passant par l’UNESCO et la Grèce, pays orthodoxe.

Œuvre architecturale majeure construite au VIe siècle par les Byzantins qui y couronnaient leurs empereurs, Sainte-Sophie est un site classé au patrimoine mondial par l’UNESCO et l’une des principales attractions touristiques d’Istanbul avec quelque 3,8 millions de visiteurs en 2019.