(Moscou) Vladimir Poutine a tranché lundi pour la tenue d’un référendum constitutionnel le 1er juillet, un scrutin devant lui ouvrir la voie à deux mandats supplémentaires et qui fut reporté à cause de l’épidémie de nouveau coronavirus.  

L’annonce intervient le jour où la capitale russe, se fiant à l’amélioration timide de sa situation épidémiologique, rouvrait les commerces fermés depuis deux mois, même si des millions de Moscovites doivent rester largement confinés chez eux au moins jusqu’au 14 juin.

La réforme constitutionnelle, déjà adoptée par le Parlement, n’a en soi pas besoin d’être validée dans les urnes, mais Vladimir Poutine tient à la soumettre au verdict des Russes. Ce vote, prévu en avril, avait été reporté du fait de la pandémie.

Selon le président russe, « l’amélioration de la situation avec le coronavirus » est telle que le vote peut avoir lieu le 1er juillet.

M. Poutine a annoncé sa décision après une réunion en visioconférence, largement retransmise à la télévision, avec des responsables politiques, électoraux et sanitaires, le président ayant expliqué vouloir s’assurer que rien ne s’opposait à la tenue du scrutin.  

Il avait lancé en début d’année cette réforme constitutionnelle qui lui donnera notamment le droit d’effectuer deux mandats supplémentaires après la fin de l’actuel en 2024. En théorie, Vladimir Poutine, 67 ans et au pouvoir depuis 2000, pourrait rester au Kremlin jusqu’en 2036.  

Malgré une baisse de sa popularité ces dernières années, le chef de l’État russe reste très populaire et l’adoption de la révision est quasi acquise.

La réforme renforce aussi certaines prérogatives présidentielles, introduit un salaire minimum garanti et entérine une vision conservatrice de la Russie avec la mention de la « foi en Dieu » et le principe d’un mariage possible uniquement entre un homme et une femme.

Sur le plan épidémique, la propagation du virus s’est stabilisée depuis une quinzaine de jours, mais le nombre des nouvelles infections détectées – entre 8000 et 9000 quotidiennement – reste élevé. Au total, la Russie a recensé 414 878 cas, 3e rang mondial, et 4855 décès, dont la moitié environ à Moscou.  

Vladimir Poutine a expliqué le nombre relativement faible de morts en louant la bonne préparation des hôpitaux.  

La semaine dernière, annonçant le pic épidémique passé, il avait saisi l’occasion pour annoncer la tenue le 24 juin du grand défilé militaire commémorant la victoire soviétique sur les nazis.  

Le président russe avait dû renoncer à cet évènement à contrecœur. Prévu à l’origine comme tous les ans le 9 mai, il aurait dû accueillir cette année nombre de responsables étrangers, notamment occidentaux. Une occasion de célébrer la puissance russe retrouvée à l’international, malgré les sanctions frappant le pays.

Sur le front économique, M. Poutine et son premier ministre Mikhaïl Michoustine doivent discuter mardi d’un plan de relance, alors que le PIB pourrait chuter de 5-6 % en 2020.  

Signe d’un prudent retour à la normale à Moscou, après deux mois de fermeture, les commerces ont pu rouvrir lundi.  

PHOTO KIRILL KUDRYAVTSEV, AGENCE FRANCE-PRESSE

Selon une étude publiée par le Centre des recherches stratégiques en avril, près d’un tiers des entreprises russes risquent la faillite à cause de la crise provoquée par le virus et le confinement.

Mais Nadejda Nazarenko, employée d’une blanchisserie explique que le confinement a été une « catastrophe ».

« Dans deux ou trois mois, on verra bien si on doit fermer, on verra si les clients reviennent… En attendant, il y a toujours le loyer et les charges à payer », dit-elle.

Selon une étude publiée par le Centre des recherches stratégiques en avril, près d’un tiers des entreprises russes risquent la faillite à cause de la crise provoquée par le virus et le confinement.

Les habitants de la capitale doivent attendre eux au moins le 14 juin avant de pouvoir librement circuler.

S’ils peuvent faire des courses autres qu’alimentaires, vêtus de masques et de gants, les millions de Moscovites ne disposant pas de laissez-passer les autorisant à travailler hors de chez eux devront toujours passer l’essentiel de leur temps à domicile.

Les promenades sont autorisées depuis lundi, mais seulement trois fois par semaine en respectant un système complexe de créneaux basé sur la domiciliation.

Du fait du mauvais temps, rares étaient les badauds lundi. Liza Astachevskaïa, 17 ans, profite néanmoins d’une liberté retrouvée dans le célèbre parc Gorki.

« C’est la première fois en trois mois que je me promène avec mon amie […] on peut enfin respirer de l’air frais et revoir nos endroits préférés », s’est réjouie la lycéenne auprès de l’AFP.

Tous les lieux de loisirs – restaurants, cinémas, terrains de jeux et de sports – restent eux fermés.