(Rome) Certaines régions italiennes trichent-elles sur les chiffres de l’infection par le coronavirus ? Les doutes et la polémique montent dans la péninsule, particulièrement concernant la Lombardie, région la plus touchée par la COVID-19, alors que le pays se prépare à rouvrir ses frontières.

« On peut raisonnablement soupçonner que certaines régions utilisent des astuces pour ne pas avoir à fermer à nouveau », a déclaré jeudi à la RAI24 Nino Cartabellotta, responsable de la Fondazione GIMBE, un groupe de réflexion sur la santé.

« La Lombardie est l’une d’entre elles ». Là-bas, a-t-il dit, il y a eu « trop de choses étranges dans les données des trois derniers mois », y compris des personnes comptées comme étant guéries à leur sortie de l’hôpital mais toujours malades.  

Il y a eu des retards suspects dans la publication des données, même maintenant que la phase critique est terminée, a estimé M. Cartabellotta, et des jours où beaucoup moins de tests ont été effectués, comme si la région évitait de découvrir de nouveaux cas.

« C’est comme s’il y avait une sorte de nécessité de maintenir les chiffres diagnostiqués en dessous d’un certain niveau », a-t-il encore accusé.  

Les autorités régionales ont démenti, et menacé d’intenter des poursuites. Mais ces accusations ont fait grand bruit dans le pays.

L’Italie a enregistré officiellement plus de 33 100 décès pour plus de 231 000 cas depuis le début de la pandémie de COVID-19, dont près de 16 000 décès pour la seule Lombardie et plus de 88 000 cas.

Le déconfinement a débuté le 4 mai et avance progressivement. La plupart des commerces, bars et restaurants ont rouvert avec des mesures de distanciation, de même que les grands monuments emblématiques.  

À partir du 3 juin, les Italiens pourront à nouveau circuler librement entre toutes les régions du pays, mais le gouvernement s’est réservé le droit de garder certaines des 20 régions fermées s’il estime qu’elles présentent encore un risque de contagion.

Les touristes étrangers en provenance de l’UE pourront également entrer dans le pays à partir de cette même date.

Selon les chiffres officiels, la Lombardie a enregistré 382 nouveaux cas jeudi, soit près des deux tiers du chiffre pour toute l’Italie (+593).

Pour le quotidien Stampa, « des dizaines » de virologistes ont dénoncé au cours des dernières semaines « des incohérences dans les données parce qu’elles sous-estiment » le nombre de cas d’infection.

Trois régions du sud — la Campanie, la Sardaigne et la Sicile — ont menacé de ne pas laisser entrer les habitants du nord ou de leur imposer une période de quarantaine.  

Face à l’incertitude, le report d’une semaine de la liberté de circuler entre régions est envisagé par le gouvernement, affirme vendredi la presse.

« Feu vert pour tous le 3 juin ou renvoi d’une semaine », titrait ainsi à la une le Corriere della Sera, principal tirage de la péninsule.