(New York) Le parquet de la Bourse de New York, la basilique de la Nativité à Bethléem ou le site de Pompéi en Italie : trois lieux symboliques ont rouvert leurs portes mardi, illustrant la multiplication des mesures de sortie du confinement décrété face à la pandémie de coronavirus, qui a fait près de 348 000 morts dans le monde.

Dans la métropole la plus touchée par la maladie, où la fermeture des entreprises est décrétée au moins jusqu’en juin, 80 courtiers new-yorkais ont retrouvé la salle mythique de Wall Street pour la première fois depuis le 23 mars.

Le port du masque et la prise de température y sont obligatoires. En plus des cloisons de plexiglas, les traders doivent respecter les distances de sécurité et suivre des trajets prédéterminés sur le parquet. Il leur est aussi demandé de ne pas prendre les transports en commun pour venir afin de limiter les risques de contamination.

Le gouverneur de l’État de New York Andrew Cuomo a sonné la cloche marquant l’ouverture de la séance. La Bourse « n’a pas rouvert comme si de rien n’était », a-t-il assuré, « elle a rouvert de façon plus intelligente ».

Porté par cet optimisme, le Dow Jones a grimpé de plus de 2 %.

Aide au secteur automobile

Sur le site antique de Pompéi, patrimoine de l’humanité et haut lieu touristique de la région de Naples, en Italie, Alison Lockhart, résidente de la région, est l’une des premières touristes.

« On s’est dit qu’on allait en profiter pendant que c’est calme et qu’il n’y a personne », explique-t-elle.

À Bethléem, en Cisjordanie occupée, c’est une poignée de prêtres de différentes confessions chrétiennes qui ont solennellement assisté à l’ouverture de la basilique de la Nativité, fermée depuis le 5 mars.

Et en Allemagne et au-delà, les fans de football ont pu suivre le choc au sommet du championnat entre le Borussia Dortmund et le Bayern Munich : les Bavarois ont remporté le premier « Klassiker » à se jouer à huis clos.

Mais l’annonce de la faillite de la compagnie aérienne LATAM, mastodonte sud-américain avec ses plus de 42 000 salariés, est venue le rappeler : la planète n’a pas fini de mesurer les effets économiques dévastateurs de la pandémie, partie de Chine fin 2019.

Dans le transport aérien, pratiquement à l’arrêt dans tous les cieux du monde, ce sont 123 milliards de dollars qui ont été apportés par les États pour permettre aux compagnies de survivre.

Pour soutenir l’industrie automobile de son pays, qui emploie directement ou indirectement 900 000 salariés mais dont les ventes se sont effondrées, le président français Emmanuel Macron a dévoilé un plan de plus de huit milliards d’euros.

Dans ce contexte, tous les regards sont braqués sur Bruxelles, où la Commission européenne doit proposer mercredi un plan de relance pouvant atteindre mille milliards d’euros.

Le gouverneur de l’État de New York compte lui demander au président Donald Trump de lancer de « grands travaux d’infrastructure » pour « relancer l’économie » américaine.

« D-Day » touristique

Dans l’espoir de relancer son activité touristique, l’Italie plaide pour une reprise coordonnée des déplacements en Europe dès le 15 juin.  

« Pour le tourisme, le 15 juin est un peu le D-Day européen », a estimé son ministre des Affaires étrangères, Luigi Di Maio.

Affectée par l’effondrement du prix du pétrole, l’Arabie saoudite a pour sa part annoncé une levée du couvre-feu à partir du 21 juin, sauf à La Mecque.

Partout, les distances de sécurité et les gestes barrière restent de mise pour éviter une possible deuxième vague.

L’Allemagne a ainsi prolongé jusqu’au 29 juin ses règles de distanciation.

Sur le front sanitaire, si l’épidémie continue de ralentir en Europe et même aux États-Unis – où la barre symbolique des 100 000 morts pourrait néanmoins être franchie dans les prochaines heures –, elle « s’accélère » au contraire au Brésil, au Pérou et au Chili, a prévenu l’antenne régionale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

« En Amérique du Sud, nous sommes particulièrement inquiets », a reconnu sa directrice Carissa Etienne.

Une étude française, menée par l’Institut Pasteur, est parvenue à un résultat encourageant en démontrant qu’une « très grande majorité » des patients atteints par une forme mineure de la COVID-19 seraient immunisés « pendant plusieurs semaines » au moins.

Dans le sillage de l’OMS, qui a suspendu lundi « temporairement » les essais cliniques sur la chloroquine et ses dérivés comme l’hydroxychloroquine, une substance dont les effets contre la COVID-19 sont controversés, l’agence française du médicament lui a emboîté le pas, « par précaution ».

Poutine optimiste

Au Royaume-Uni, deuxième pays le plus endeuillé (37 000 morts), la polémique autour d’un conseiller du premier ministre Boris Johnson, Dominic Cummings, accusé d’avoir enfreint les règles de confinement, continue d’ébranler le gouvernement, avec la démission d’un secrétaire d’État mécontent du soutien obtenu par l’intéressé.

Boris Johnson veut rouvrir les commerces non-essentiels le 15 juin, alors que le Royaume-Uni est toujours soumis au confinement.

À l’inverse, de nombreux autres pays ont franchi cette semaine un nouveau cap dans la levée des restrictions, du Japon aux États-Unis, en passant par l’Espagne, qui a décrété mardi dix jours de deuil national en hommage à ses 27 000 victimes.

Pays le plus touché du Moyen-Orient, avec plus de 7500 morts, l’Iran a rouvert mardi ses restaurants.

En Russie, les autorités ont admis la mort de 101 soignants, mais des médecins russes estiment que ce nombre approche les 300. Le président Vladimir Poutine a estimé que le pic épidémique était désormais « passé » et a reprogrammé pour le 24 juin la parade militaire pour célébrer la victoire de 1945, annulée début mai.