(Francfort) Les autorités allemandes ont émis des « doutes » sur l’explication avancée par les dirigeants américains selon laquelle le nouveau coronavirus provient d’un laboratoire de la ville chinoise de Wuhan, affirment vendredi des médias.

Le service de renseignement allemand BND qualifie dans un rapport confidentiel ces explications comme une tentative du président Donald Trump pour « détourner l’attention de ses propres erreurs et rediriger la colère des Américains vers la Chine », rapporte le magazine Der Spiegel sur son site internet, citant une note destinée à la ministre de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer.

Sollicité par l’AFP, un porte-parole du ministère n’a pas confirmé l’existence d’une telle note.

Donald Trump a pour la première fois lié le virus au laboratoire début mai, menaçant la Chine de « taxes douanières punitives », comme lors du conflit commercial que se sont livré pendant des mois les deux premières économies mondiales.  

Mercredi, son chef de la diplomatie, Mike Pompeo, a assuré que les États-Unis avaient des « preuves immenses » que le virus a fuité d’un laboratoire de Wuhan, berceau de la pandémie, ajoutant toutefois que « nous n’avons pas de certitude ».

Selon la chaîne de télévision publique allemande NDR, les services de renseignement allemands ont également émis des doutes sur l’existence d’un rapport de l’alliance « Five Eyes » entre agences de renseignement anglo-saxonnes (États-Unis, Royaume-Uni, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande), évoqué par la presse australienne.

Des responsables du BND ont expliqué lors d’une réunion à huis clos avec des députes que les pays des « Five Eyes » lui ont indiqué « ne pas avoir connaissance d’un tel document », affirme NDR.

La télévision chinoise a jugé lundi les accusations à son encontre « démentes » et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a dénoncé des déclarations « spéculatives » en l’absence de preuve.

Selon la grande majorité des chercheurs, le coronavirus a été transmis à l’homme par un animal. Un marché de Wuhan a été incriminé par des scientifiques chinois car il aurait vendu des animaux sauvages vivants.

Les renseignements allemands ont en revanche critiqué la Chine pour avoir mis la pression sur l’OMS afin de retarder ses mises en garde sur le coronavirus, ajoute le Spiegel.

« Selon l’avis du BND, la politique d’information de la Chine a fait perdre entre quatre et six semaines dans la lutte contre le virus », écrit le magazine.

La Chine, qui dément avoir caché des informations sur le virus, a déclaré vendredi soutenir la création « après la fin de l’épidémie » d’une commission sous l’égide de l’OMS afin d’évaluer « la réponse mondiale » à la COVID-19.