(Londres) Le bilan de la pandémie provoquée par le nouveau coronavirus au Royaume-Uni a brutalement augmenté à 26 097 morts, soit le deuxième plus lourd en Europe après l’Italie, en raison de l’inclusion des maisons de retraite, ont annoncé mercredi les services de santé.

Cette nouvelle évaluation montre l’ampleur de la catastrophe sanitaire subie par ce pays, qui avait tergiversé avant de suivre ses voisins vers le confinement, au moment où la pression monte sur le gouvernement de Boris Johnson pour qu’il dévoile une stratégie d’assouplissement.

Le bilan de mardi faisait état de 21 678 morts, mais ces milliers de morts supplémentaires « ne représentent pas une soudaine résurgence » de la pandémie, a souligné au cours d’une conférence de presse le ministre des Affaires étrangères Dominic Raab.  

Car ce nouveau comptage comprend pour la première fois les décès ayant eu lieu dans les maisons de retraite entre la mi-mars et le 28 avril, quand il se cantonnait auparavant aux seuls hôpitaux.  

Face à la pression des gestionnaires de maisons de retraite, qui s’estimaient oubliés, le gouvernement a promis de les inclure, mais le processus a pris du temps, car il s’agit de collecter des données en provenance de plus 15 000 établissements.

Ces structures très décentralisées soulèvent aussi des difficultés en termes de contrôle de la transmission de la maladie, a rappelé mercredi le ministre des Affaires étrangères Dominic Raab au Parlement, où il remplaçait Boris Johnson tout juste sorti de l’hôpital et à nouveau absent après la naissance mercredi matin de son petit garçon.

« Il y a les résidents, les employés qui parfois travaillent dans plusieurs maisons de retraite, mais aussi le personnel du Service national de santé et bien sûr les amis et la famille », a-t-il expliqué.  

Pour avoir une meilleure idée de la situation, le gouvernement a annoncé mardi que des tests seraient désormais disponibles pour les résidents et les membres du personnel asymptomatiques des maisons de retraite.

« Risque maximal »

Au total, 165 221 cas ont désormais été officiellement confirmés au Royaume-Uni, a précisé Dominic Raab devant la presse.

Globalement, les autorités considèrent que la pandémie a entamé sa décrue sur le territoire britannique, les contaminations, hospitalisations et décès s’étant tour à tour orientés à la baisse.  

« Le nombre des personnes hospitalisées a baissé de 16 % », a assuré mercredi la directrice médicale de Santé publique Angleterre, Yvonne Doyle, qui note que cette « bonne nouvelle » est « manifeste dans toutes les régions ».  

Mais les autorités britanniques craignent une recrudescence en cas de relâchement trop rapide des mesures en place, le pays étant « encore en plein pic de l’épidémie », selon M. Raab. Celui-ci a demandé à ses compatriotes d’être « patients » en ce « moment délicat et dangereux », où le risque est « maximal ».

La transmission de la maladie s’est en effet accélérée plus tard au Royaume-Uni que chez ses voisins européens. Et ce pays a tardé à les suivre vers le confinement, ses conseillers scientifiques invoquant la nécessité de parvenir à une « immunité de groupe » en laissant le virus se propager.

Après un revirement spectaculaire, le gouvernement a décrété le confinement le 23 mars et l’a depuis prolongé au moins jusqu’au 7 mai.  

De retour aux commandes du gouvernement lundi après été lui-même contaminé, le premier ministre a dit comprendre l’impatience de ses concitoyens. Il leur a promis des annonces « dans les prochains jours » sur la manière dont le Royaume-Uni compte relancer son économie actuellement à l’arrêt, avec des conséquences sociales très douloureuses.

Le ministre des Affaires étrangères a cependant rappelé mercredi soir que sortir du confinement trop vite risquerait de réduire à néant les « sacrifices » auxquels la population a consenti jusqu’à présent et que ce « risque n’avait rien de théorique ».  

Citant l’exemple de l’Allemagne où des signes d’aggravation de la situation sont apparus après la réouverture de certains magasins et des écoles, il s’est inquiété de ce que cela « mène à un second confinement, qui prolongerait les souffrances économiques de notre pays ».  

Avant de sauter le pas, les autorités britanniques disent vouloir observer une nette décrue, mais aussi s’assurer d’avoir des moyens de dépistage, de traçage et de protection suffisants.

Or elles restent pour l’instant en deçà de l’objectif qu’elles s’étaient fixé de 100 000 tests par jour à la fin du mois et les hôpitaux continuent de manquer de masques et de blouses de protection.

Une application de traçage des contacts est en cours de mise au point. Le Service national de santé espère la rendre disponible d’ici à trois semaines.