(Londres) Le Royaume-Uni a dépassé samedi les 20 000 morts à l’hôpital de patients atteints par le coronavirus,  un cap « profondément tragique », a souligné la ministre de l’Intérieur Priti Patel, alors que le premier ministre Boris Johnson revient aux affaires lundi.

Selon le dernier bilan du ministère de la Santé, 20 319 personnes ayant contracté la maladie COVID-19 ont perdu la vie dans les hôpitaux britanniques, soit 813 de plus que dans le précédent bilan fourni vendredi.

Mais ce chiffre ne traduit pas en temps réel l’évolution de la pandémie, car, assure l’université d’Oxford, un tiers des 711 décès supplémentaires recensés en Angleterre datent de plus d’une semaine.  

Au mois de mars, des responsables du secteur de la santé avaient déclaré qu’un bilan final de 20 000 morts ou moins serait un « bon résultat ».  

« C’est un jour très triste pour la nation », a réagi Steven Powis, l’un des responsables des services de santé britannique.

Aux chiffres communiqués quotidiennement doivent s’ajouter les décès dans les maisons de retraite, qui, selon les représentants du secteur, se comptent en milliers.

Le nombre des personnes testées positives s’élève quant à lui à 148 377 (+4913).

Confiné depuis le 23 mars, une mesure prolongée au moins jusqu’au 7 mai, le Royaume-Uni attend le retour aux manettes de Boris Johnson, qui, frappé de plein fouet par le nouveau coronavirus, est en convalescence depuis sa sortie de l’hôpital le 12 avril.

Le premier ministre sera de retour à son bureau lundi, ont affirmé des sources de Downing Street à des médias britanniques.

PHOTO TOLGA AKMEN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Le premier ministre anglais, Boris Johnson

A l’heure où certains pays européens commencent à amorcer un assouplissement des mesures de confinement, la ministre de l’Intérieur Priti Patel a jugé qu’il serait « irresponsable » de s’avancer par exemple sur une date de réouverture des écoles. « Il est trop tôt », a souligné Steven Powis.

Martelant quotidiennement qu’il prend ses décisions sur la base des conseils de scientifiques, l’exécutif a vu jaillir une polémique autour de la présence de Dominic Cummings, un conseiller controversé souvent dépeint comme le mauvais génie de Boris Johnson, à plusieurs réunions du comité scientifique chargé de conseiller le gouvernement.

Si Downing Street, étrillant au passage les médias, souligne que les conseillers politiques n’ont « aucun rôle » actif au sein de ce comité, l’opposition travailliste juge que cette affaire vient mettre à mal la confiance des Britanniques dans l’indépendance de cet organisme.

Retracer les contacts

Le gouvernement prévoit, quand le nombre des cas de contamination aura nettement reculé, de déployer un plan pour retracer les contacts des personnes malades ou présentant des symptômes, via une application du système public de santé, afin d’éviter une deuxième vague.

Sur le plan de la recherche, les autorités sanitaires ont donné leur feu vert à des essais pour étudier la piste du plasma sanguin (la partie liquide du sang qui concentre les anticorps après une maladie) de patients guéris pour soigner les malades de la COVID-19, a annoncé samedi le ministère de la Santé. 5000 patients grièvement atteints pourraient ainsi être traités au Royaume-Uni, selon le gouvernement.

« Si on vous demande de participer, s’il vous plaît faites-le. C’est sans douleur », a déclaré le ministre de la Santé Matt Hancock, lui-même guéri de la maladie, dans un tweet accompagné d’une photo le montrant en pleine prise de sang.

Essais et études sur le plasma ont déjà commencé en Chine, aux États-Unis et en France.

Face à une diminution de moitié du nombre des admissions aux urgences dans les hôpitaux en avril, le service public de santé britannique, le NHS, a appelé les patients souffrant d’autres pathologies que la COVID-19 à ne pas hésiter à se rendre dans ces services quand leur état le requiert.

Les autorités sanitaires craignent en effet une surmortalité qui découlerait de la réticence des patients à se rendre à l’hôpital de peur de contracter cette maladie ou d’encombrer les services hospitaliers.