(Londres) Le gouvernement britannique a constaté lundi des « signes encourageants » dans la pandémie de nouveau coronavirus, avec un bilan quotidien au plus bas depuis deux semaines, mais reste ferme sur le maintien du confinement de crainte d’un « deuxième pic ».

L’un des pays les plus touchés en Europe, le Royaume-Uni a comptabilisé 449 morts à l’hôpital de plus lundi, soit 16 509 décès depuis le début de la pandémie.

Si les chiffres quotidiens sont très volatils et marquent souvent des baisses après le week-end en raison des retards dans les décomptes, il s’agit du plus faible bilan depuis le 6 avril et le deuxième plus faible depuis le début du mois.

Devant la presse, le ministre des Finances Rishi Sunak a relevé « des signes encourageants ».  

« Nous avons fait des progrès », a-t-il assuré. Il a cependant jugé qu’il était encore trop tôt pour « considérer comme sûr d’ajuster » les mesures de confinement, arguant qu’il fallait auparavant s’assurer qu’il « n’existe pas de risque d’un deuxième pic ».

Le Royaume-Uni compte au total 124 743 personnes infectées (+4676). Le bilan des autorités britanniques ne prend pas en compte les maisons de retraite, où des organismes représentant le secteur font état de milliers de décès.

Analysés en détail, les chiffres des autorités sanitaires montrent « clairement que nous sommes dans une lente, mais régulière phase d’amélioration », selon le statisticien de l’Université de Cambridge David Spiegelhalter. C’est un « processus qui peut se révéler très long, à en juger par ce qui s’est passé en Italie », a-t-il averti.

Chômage partiel massif

Malgré des conséquences économiques dramatiques, le confinement instauré le 23 mars a été prolongé d’au moins trois semaines jeudi.  

Après avoir tardé à suivre les autres pays européens dans cette voie, le gouvernement, sans son chef Boris Johnson en convalescence, voit la pression monter pour présenter une stratégie d’assouplissement. Il s’y refuse en l’état.

« Notre grande inquiétude est le second pic, qui fera finalement le plus de dégâts à notre santé et à notre économie », a expliqué lundi un porte-parole de Downing street, « Si nous bougeons trop rapidement, le virus pourrait recommencer à se propager de manière exponentielle ».  

Le ministre de Finances a rappelé lundi que le gouvernement avait promis dès le début de l’épidémie de prendre en charge 80 % des salaires, afin que les entreprises affectées par le coronavirus privilégient le chômage partiel et ne licencient pas.

Ouverte depuis lundi matin, la plateforme pour déposer les dossiers a reçu lors de ses huit premières heures de fonctionnement les demandes de 140 000 entreprises, représentant plus d’un million de salariés, selon M. Sunak.

« Nous ne serons pas capables de sauver chaque emploi et chaque entreprise, mais je suis sûr que les mesures que nous avons prises nous permettront de retourner à la normale aussi rapidement que possible », a-t-il ajouté, répondant ainsi aux accusations portées la veille par l’ancien premier ministre Tony Blair.  

Celui-ci avait reproché au gouvernement d’être « trop lent » par rapport à d’autres pays touchés par le virus, déplorant qu’il n’ait pas encore « déroulé son plan de relance de l’économie ».  

Dimanche, l’assaut était venu d’une enquête très critique du Sunday Times accusant le premier ministre Boris Johnson, lui-même victime du coronavirus, de ne pas avoir participé à plusieurs réunions de crise consacrées au virus et de s’être montré nonchalant face aux risques encourus.

Alors que le dirigeant de 55 ans est pour l’instant remplacé par le ministre des Affaires étrangères Dominic Raab, le journal reproche aussi à son gouvernement d’avoir ignoré les alertes des scientifiques et les appels à s’approvisionner en combinaisons médicales.

« Cet article contient une série de mensonges et d’erreurs. Il donne une image fausse de l’énorme charge de travail abattue par le gouvernement dans les premières phases de l’épidémie de coronavirus », s’est défendu dimanche soir le gouvernement dans un communiqué d’une virulence inhabituelle, démentant l’article point par point.