(Berlin) La pandémie provoquée par le nouveau coronavirus est « sous contrôle » en Allemagne après un mois de restrictions dans la vie sociale, s’est félicité vendredi le gouvernement, qui promet une production massive de masques de protection.

Pour la première fois, le taux d’infection, une donnée très surveillée qui permet de mesurer le nombre moyen des personnes contaminées par chaque malade de la COVID-19, est descendu vendredi à moins d’un, s’affichant à 0,7, selon l’institut Robert Koch, l’autorité fédérale chargée de la veille épidémiologique.

La COVID-19 est ainsi « sous contrôle et gérable », s’est félicité le ministre de la Santé, Jens Spahn.

Ce taux est particulièrement scruté car il a des incidences très concrètes sur la capacité du système sanitaire à amortir le choc de la pandémie.

Dans une intervention très commentée, Angela Merkel avait prévenu mercredi que toute nouvelle augmentation du taux d’infection ferait « déborder » le système de santé allemand.

Avec un taux de « 1,1, nous pourrions atteindre les limites de notre système de santé en termes de lits en réanimation d’ici à octobre », avait averti la chancelière. Avec un « taux de 1,2, nous atteindrions les limites de notre système de santé en juillet. Avec un taux de 1,3, nous y arriverions déjà en juin ».

« Croissance linéaire »

Sans opter pour un confinement strict, l’Allemagne a imposé sur tout son territoire d’importantes restrictions, de la fermeture des écoles et des lieux culturels à l’interdiction des regroupements de plus de deux personnes sur la voie publique.

« Nous pouvons maintenant dire que cela a réussi […], les taux d’infection ont diminué de manière significative », a salué le ministre Spahn.

PHOTO JOHN MACDOUGALL, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le ministre de la Santé Jens Spahn

Autre élément « important et encourageant », « depuis le 12 avril, il y a eu chaque jour plus de malades guéris que de nouvelles contaminations », a-t-il souligné.

Le pays comptait vendredi 133 830 cas officiellement déclarés (+3380 en 24 heures) dont 3868 mortels, selon l’Institut Robert Koch.

L’Allemagne, qui a accueilli dans ses hôpitaux plusieurs dizaines de malades français ou italiens, va désormais pouvoir assouplir les restrictions en vigueur.

À partir du 4 mai, les écoles rouvriront progressivement. Les magasins de plus de 800 mètres carrés sont autorisés à de nouveau accueillir des clients.

Ce « succès d’étape » reste toutefois « fragile », avait mis en garde mercredi Angela Merkel, dont la popularité est au zénith après 14 années au pouvoir.

« Vivre avec le virus »

Les grands rassemblements, tels que les concerts et compétitions sportives, restent prohibés, au moins jusqu’au 31 août, tandis qu’une distance minimale d’un mètre et demi doit être respectée entre les gens dans les lieux publics.

Il faudra « apprendre à vivre avec le virus », a martelé vendredi le ministre de la Santé.

Pour éviter toute reprise de la pandémie, l’Allemagne va ainsi développer l’usage de masques.

Le gouvernement fédéral et les 16 Länder (États régionaux) n’ont pas pour le moment suivi l’exemple de l’Autriche voisine en introduisant une obligation nationale d’en porter dans les magasins et les transports publics, se contentant d’en « recommander fermement » l’utilisation.

Le gouvernement a ainsi annoncé avoir attribué à une cinquantaine d’entreprises des contrats pour fabriquer au total 10 millions de masques filtrants répondant à la norme de protection FFP2 et 40 millions de masques chirurgicaux par semaine à partir du mois d’août.

Une expérimentation de port obligatoire du masque dans la ville d’Iena (Thuringe) tendrait à démontrer son efficacité. Aucun nouveau cas n’y a été enregistré depuis une semaine, selon la presse allemande.

La Saxe, une région de l’ex-Allemagne de l’Est, a quant à elle annoncé vendredi que le port d’un masque, d’un foulard ou d’un simple tissu serait obligatoire à partir de lundi. Elle devient ainsi le premier des 16 Länder à prendre une telle mesure.

L’Allemagne compte aussi multiplier les tests. Elle en a réalisé à l’heure actuelle quelque 1,7 million.