(Paris) Le président Emmanuel Macron a promis mardi que la production de masques et de respirateurs allait rapidement monter en puissance en France, frappée de plein fouet par une pénurie d’équipements et où le coronavirus a fait plus de 3500 morts.

En visite dans une usine de production de masques à Saint-Barthélémy-d’Anjou, dans l’Ouest, le président français a promis que, d’ici à la fin avril, « plus de 10 millions » de masques seraient fabriqués par semaine en France, contre 3,3 millions avant l’apparition de la pandémie en France.

Il a également annoncé la création d’un consortium composé de quatre grands groupes industriels pour fabriquer d’ici à mi-mai 10 000 respirateurs, afin d’équiper les hôpitaux débordés par les cas graves de malades.

Selon un bilan mardi soir, 3523 personnes sont décédées dans les hôpitaux qui recensent 22 800 autres malades, soit une hausse de 1749 depuis lundi. Parmi eux, un nouvel afflux de cas lourds en réanimation (+457) où sont admis à ce jour 5565 patients.

« Nous devons rebâtir notre souveraineté nationale et européenne », a plaidé M. Macron, en reconnaissant la trop grande dépendance du pays aux importations de masques, et en promettant « l’indépendance pleine et entière » de la France d’ici à la fin de l’année.

Mais, interrogé sur la responsabilité de l’exécutif, critiqué pour son « impréparation » face à la crise, le chef de l’État a qualifié d’« irresponsables » ceux « qui cherchent déjà à faire des procès » et a appelé à l’unité du pays. « Le temps viendra » de « la transparence complète », a-t-il assuré.

Dans des hôpitaux saturés, les soignants en première ligne ne cessent de déplorer le manque de protections en France.  

Les besoins en masques sont évalués à 40 millions par semaine pour le personnel soignant et les établissements pour personnes âgées (Ehpad).

L’usine de masques de l’entreprise Kolmi-Hopen visitée par le chef de l’État est l’un des plus gros des quatre producteurs français et tourne actuellement 24 heures sur 24.

Pour répondre aux besoins, la France a aussi commandé un milliard de masques et organise un « pont aérien » avec la Chine, dont la première livraison de 8,5 millions est arrivée lundi avant une seconde livraison de 12 millions attendue mercredi.

Organiser la sortie

Les tests, autre nerf de la guerre contre le coronavirus, vont voir leur capacité croître à hauteur de « 50 à 55 000 tests par jour dans une échéance relativement brève », a estimé Bruno Lina, professeur de virologie et membre du conseil scientifique consulté par l’État français.

« C’est quelque chose qui s’installera et sera fonctionnel au moins dans une première vague d’ici une dizaine de jours », a-t-il indiqué sur la chaîne LCI.

Cette plus grande capacité à tester est une première étape pour organiser la sortie de confinement qui a démarré il y a exactement deux semaines en France.

« Il est important de voir ce qui va se passer dans les jours qui viennent pour commencer à imaginer à quel moment on pourra dire que le confinement, tel qu’il est organisé aujourd’hui, s’arrête », a estimé le Pr Lina.

Alors que les écoles sont à l’arrêt, « entre 5 et 8 % des élèves » ont été « perdus » par leurs professeurs qui ne peuvent pas les joindre pour assurer la « continuité pédagogique » souhaitée, selon le ministre français de l’Éducation.

Autre conséquence du confinement, l’aéroport d’Orly ferme ses portes mardi soir pour une durée indéterminée, n’accueillant plus que les vols d’État, les vols sanitaires et les déroutements d’urgence.

Effets indésirables

Des transferts de malades hors des régions les plus touchées (Grand Est et désormais région parisienne) se poursuivent.

En plein débat sur les bienfaits supposés de certains médicaments, l’Agence du médicament a alerté sur les possibles « effets indésirables graves » de certains d’entre eux, actuellement testés.

« Une trentaine » d’effets indésirables graves, dont « trois décès » chez des patients atteints du coronavirus sont en cours d’investigation pour déterminer si ces événements sont en lien ou pas avec les traitements qui leur ont été administrés : le Plaquénil (hydroxychloroquine) mais aussi d’autres médicaments tels que le Kaletra (un antirétroviral associant lopinavir/ritonavir), a indiqué à l’AFP Dominique Martin, le directeur général de l’Agence du médicament.  

D’autres pistes sont à l’essai. L’assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) teste ainsi la possibilité d’oxygénation de patients à domicile, pour faire face à l’afflux de malades en région parisienne. Et une solution issue du sang d’un ver marin aux pouvoirs d’oxygénation très importants pourrait ainsi être administrée à dix patients dans le cadre d’un essai clinique.