(Rome) L’Italie, pays au monde le plus endeuillé par la pandémie de coronavirus, a enregistré lundi de nouveaux signes encourageants sur la contagion, après près de trois semaines de confinement de sa population.

Les autorités sanitaires ont encore annoncé un lourd bilan quotidien de 812 morts lors des dernières 24 heures, ce qui porte à plus de 11 500 le nombre total de décès. Mais la hausse des nouveaux cas positifs recensés n’a jamais été aussi faible, avec une augmentation de +4 %, la moitié moins qu’il y a quatre jours (8,3 %) et quatre fois moins qu’il y a 15 jours.  

Surtout, pour la première fois depuis le début de la pandémie en Italie, le nombre de personnes actuellement positives en Lombardie, la région la plus touchée, a baissé (25 006 contre 25 392 dimanche), même si cette diminution devra être répétée pour dessiner une tendance solide.  

Par ailleurs, jamais le nombre de personnes considérées comme guéries dans l’ensemble du pays (1590) n’a été aussi fort dans un bilan quotidien.  

« Nous pouvons espérer atteindre le pic dans sept ou dix jours, puis, raisonnablement, une décrue de la contagion », a déclaré lundi matin le vice-ministre de la Santé, Pierpaolo Sileri.  

« En Lombardie, nous observons une diminution du nombre de cas, mais surtout de la pression sur les urgences et sur l’action des ambulances. Ces quatre derniers jours ont beaucoup changé. C’est le signe que le grand effort que nous faisons, fonctionne », s’est félicité Giulio Gallera, responsable de la Santé en Lombardie.

« Nous assistons à un aplatissement de la courbe, il n’y a pas encore de signes de descente mais c’est mieux. Les mesures importantes prises montrent leurs effets », s’est également félicité lundi matin dans la Repubblica Silvio Brusaferro, patron de l’Institut supérieur de la santé (ISS).

Mais il a appelé à poursuivre les efforts pour confirmer cette tendance : « Il faut respecter les mesures du gouvernement et faire très attention à l’isolement des positifs ou de leurs proches », a-t-il insisté.

Le gouverneur de Lombardie, Attilio Fontana a d’ailleurs regretté un relâchement : « Malheureusement, aujourd’hui, […], j’ai vu plus de gens et de voitures, comme si la relative et discrète bonne nouvelle de ces derniers jours, avait fait que nos concitoyens ne se sentent plus obligés de respecter les règles », a-t-il dit lors de son point de presse quotidien.

Son responsable de la santé, Giulio Gallera, a de son côté prévenu que ces efforts devront être maintenus « pendant de nombreux mois » : « même quand nous aurons réussi à arrêter (le virus), le risque de reprise de la contagion sera très élevé ».

Allègement « très progressif »

En Calabre, le président de la région Jole Santelli a décidé de fermer une commune, Fabrizia, à la suite du nombre de cas enregistrés depuis plusieurs jours.  

Les strictes limitations aux libertés des 60 millions d’Italiens sont en vigueur jusque vendredi. Mais les responsables ont prévenu qu’elles seraient prorogées.  

Dans un entretien au quotidien espagnol El Pais, le premier ministre Giuseppe Conte, a jugé « raisonnable de penser que nous sommes proches du pic » de contagion. Mais tout allègement des mesures « quand le comité scientifique dira que la courbe commence à descendre », devra être « très progressif », a-t-il prévenu.  

La décision de limiter l’activité productive « est une mesure très dure économiquement », a-t-il reconnu. « C’est la dernière que nous ayons prise et elle ne peut pas trop se prolonger », a-t-il dit.  

Citant la fédération nationale des ordres des médecins, l’agence italienne Agi a indiqué que 61 médecins avaient perdu la vie depuis l’arrivée de la pandémie en Italie.