(Madrid) Deuxième pays en terme de bilan humain derrière l’Italie, l’Espagne a enregistré un léger recul des morts quotidiens de la COVID-19, ont annoncé lundi les autorités qui espèrent prudemment être proches du pic de contagion.

812 personnes sont mortes en 24 heures dans le pays, selon le dernier bilan publié à la mi-journée, contre un record de 838 dimanche. C’est la première fois depuis jeudi que le nombre de morts quotidiens recule.

Au total, 7340 personnes sont mortes de la pandémie en Espagne où le nombre de cas confirmés a dépassé les 85 000, plaçant le pays en troisième position derrière l’Italie et les États-Unis.

Mais au-delà de la lourdeur du bilan humain, les autorités ont souligné lundi le ralentissement continu depuis mercredi de l’augmentation du nombre de morts et de cas. Ce qui laisse penser, selon elles, que le pic de l’épidémie est proche.

Le nombre de morts a ainsi augmenté de 12,4 % lundi par rapport à la veille contre 27 % mercredi. La hausse du nombre de cas était de 8 % lundi contre 20 % mercredi.

« Nous observons un changement de tendance » grâce au confinement strict décrété le 14 mars, a déclaré María José Sierra, du centre d’alertes sanitaires. Elle remplaçait lors du point presse le Dr Fernando Simon, placé en quarantaine après avoir contracté le virus.

« Depuis le 25 mars apparait une tendance soutenue à la baisse des nouveaux cas, ce qui nous permet d’affirmer, avec beaucoup de prudence, que si nous n’avons pas atteint le pic, nous en sommes tout proches », a renchéri le ministre de la Santé Salvador Illa.

La principale préoccupation des autorités reste toutefois la saturation des hôpitaux où le personnel a été décimé par le virus avec plus de 12 000 soignants contaminés.

« La pression sur les unités de soins intensifs va être importante dans les semaines à venir », a souligné María José Sierra.

La région de Madrid, où les autorités ont monté un immense hôpital de campagne dans un centre de congrès et ont ouvert deux morgues dont une dans une patinoire, reste la plus touchée avec près de la moitié des morts.

« La situation se complique jour après jour »

« La situation se complique jour après jour », a dit sur la radio publique Antoni Castells, directeur médical de l’hôpital Clínic de Barcelone qui a admis « commencer à rationaliser les ressources sur la base des possibilités de survie des patients ».

« Le virus a envahi les deux tiers de l’hôpital », a déclaré pour sa part à l’AFP Jesús María García, infirmier à Ronda en Andalousie (Sud), en dénonçant la manque de matériel de protection.

« Pour trouver un (masque filtrant) FFP2, tu dois te battre avec quelqu’un […] Cela fait dix jours qu’ils nous disent la même chose : le matériel arrivera bientôt. Je ne les crois plus », dit-il alors que le pays a passé des commandes massives de matériel en Chine.

Afin de freiner la propagation du virus, le gouvernement de Pedro Sanchez a décidé de durcir le confinement imposé le 14 mars et déjà prolongé jusqu’au 11 avril, en ordonnant à tous les salariés travaillant dans des secteurs non essentiels de rester chez eux durant deux semaines à partir de ce lundi.

Une décision saluée par les syndicats mais critiquée par le patronat qui craint un impact désastreux sur l’économie du pays et a peu goûté déjà l’interdiction de licencier annoncée vendredi.  

« Si le pays s’arrête, il y a aura du chômage, c’est évident », a mis en garde le numéro un de l’organisation patronale CEOE, Antonio Garamendi, alors que le pays est encore traumatisé par la dernière crise économique et l’explosion du chômage qui l’avait accompagnée.