(Madrid) L’Espagne a enregistré dimanche 838 morts du coronavirus en 24 heures, un nouveau record pour le pays portant le bilan à 6528, et renforcé le confinement par crainte d’une saturation des unités de soins intensifs dans ses hôpitaux.

« Le nombre de personnes en UCI (unités de soins intensifs) continue d’augmenter et il y a plusieurs régions qui ont atteint les limites de leurs capacités, et d’autres sont en train de s’en approcher », a averti le directeur du Centre d’urgences sanitaires, Fernando Simon.  

Le deuxième pays le plus endeuillé par la COVID-19 après l’Italie a battu son record de morts enregistrées en 24 heures, qui était de 832 la veille. Le nombre de cas confirmés a atteint 78 797, une progression de 9,1 % en un jour d’après les statistiques du ministère de la Santé.  

« Mon unité est totalement pleine, à cent %. On ne peut plus admettre un malade de plus », a déclaré à l’AFP Eduardo Ferandez, infirmier dans une unité de soins intensifs saturée à l’hôpital Infanta Sofia de Madrid.

Et, d’après les collègues avec qui il est en contact la situation est la même dans les autres hôpitaux de la capitale, la région de loin la plus touchée : « Si ce n’est pas un effondrement complet, nous y sommes presque ».

« Le matériel de protection pour les travailleurs manque. Il n’y en a jamais eu pour tout le monde », ajoute Eduardo Ferandez, en arrêt maladie après avoir été testé positif à la COVID-19.

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Des membres de la garde royale espagnole désinfectent un hôpital de Madrid afin d’empêcher la propagation du virus.

Madrid a dû monter un hôpital de campagne qui pourrait atteindre jusqu’à 5500 lits dans une foire commerciale, et improviser deux morgues, dont une dans une patinoire.

Confinement renforcé

Les raisons d’espérer se trouvent désormais dans le ralentissement de l’augmentation quotidienne du nombre de morts : 14,7 % en 24 heures dimanche contre 27 % mercredi.

« L’évolution (de la pandémie) semble se stabiliser, il semble même qu’elle soit en train de diminuer, mais il faut rappeler que notre problème fondamental en ce moment est de garantir que les UCI (unités de soins intensifs) ne saturent pas », a résumé Fernando Simon.

Autre note plus positive, le nombre de personnes guéries a également augmenté de 19,7 % en 24 heures pour atteindre 14 709.  

Mais pour éviter que les hôpitaux où des malades luttent entre la vie et la mort soient débordés, l’Espagne a durci encore les règles du confinement, déjà l’un des plus stricts d’Europe.

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Des gens respectant une distance entre eux patientent en ligne devant une épicerie de Madrid.

Après l’Italie, elle a ordonné l’arrêt des « activités non essentielles », ce qui devrait contribuer à ce que « nous puissions contrôler la population qui entre dans (les unités de soins) et la létalité qui pourrait être associée à un possible engorgement », a expliqué le Dr Simon.

À partir de lundi, seules les activités essentielles comme les soins de santé, la production de produits médicaux et pharmaceutiques, l’énergie et les transports sont autorisées jusqu’au jeudi 9 avril, début du weekend de Pâques, a décrété un Conseil des ministres extraordinaire.  

Dans les autres secteurs, comme la construction ou l’assemblage d’avions, les ouvriers, les employés et les fonctionnaires ne pourront plus se rendre au travail.

Ils continueront à être payés mais « devront rendre ces huit journées de travail d’ici le 31 décembre », a expliqué la ministre du Travail Yolanda Diaz à la presse.

L’objectif est de réduire encore les déplacements à travers le pays.

« Que chacun reste chez lui, et permette ainsi d’éviter la propagation du virus », a plaidé la porte-parole du gouvernement, la ministre des Finances María Jesus Montero.  

Les 46 millions d’Espagnols sont déjà soumis depuis mi-mars à un confinement exigeant. Ils ne pouvaient jusqu’ici sortir de chez eux que pour travailler si le télétravail n’est pas possible, acheter à manger, se soigner ou sortir rapidement leur chien.

Les policiers multiplient les arrestations — 760 depuis le 14 mars — et ont établi près de 60 000 procès-verbaux pour violation des limitations de circulation, a indiqué José Angel Gonzalez, directeur des opérations de la Police nationale.