(Berlin) Deux régions allemandes, la Bavière et la Sarre, sont devenues vendredi les premières à décréter le confinement de leur population face à l’épidémie de coronavirus alors que des mesures plus strictes sont prises partout dans le pays.

« Nous allons réduire à presque rien l’ensemble de la vie publique », a annoncé le chef du gouvernement bavarois, Markus Söder, la mesure devant entrer en vigueur vendredi à 23 h GMT (19 h HE) et dans un premier temps durer deux semaines.

Les 13 millions d’habitants de cet État du sud de l’Allemagne, frontalier de l’Autriche, de la Suisse et de la République tchèque, ne pourront sortir de leur domicile que pour des motifs limités, notamment aller travailler, acheter à manger ou se rendre à la pharmacie ou chez le médecin.  

« Aller marcher dehors sera toujours possible, mais strictement seul ou en famille », a ajouté Markus Söder, ajoutant que les restaurants seraient fermés.

Les visites de proches dans les hôpitaux seront interdites, sauf certaines exceptions, comme « dans le cas de soins palliatifs ».  

« La police surveillera et contrôlera » que « ces règles sont bien respectées », a assuré le président du Land, avec « de fortes amendes à la clé ».

La Bavière, État particulièrement touché par le virus, avec 2401 cas et 12 morts sur un total d’environ 14 000 dans l’ensemble du pays à ce jour, avait déjà décrété lundi une « situation de catastrophe » qui lui a permis de fermer les lieux publics jugés non essentiels.

« Mais le nombre d’infections et de morts continue d’augmenter, malgré ces mesures », et « beaucoup de gens ne prennent pas au sérieux la situation », a déploré Markus Söder, pour justifier ces nouvelles restrictions.

La Sarre, région limitrophe de l’est de la France fortement touchée par l’épidémie, a elle aussi opté pour l’option du confinement.

« Il y a malheureusement encore trop de gens qui ne prennent pas nos instructions au sérieux », s’est justifié le ministre-président de cette petite région de l’ouest de l’Allemagne, Tobias Hans.

D’autres régions allemandes, décisionnaires sur les questions de santé publique, n’ont pas voulu suivre la même voie mais ont davantage durci leurs mesures vendredi.

Dans le Bade-Wurtemberg, Rhénanie-Palatinat, Hesse, Saxe ou encore Hambourg, les regroupements de petits groupes (2 à 6 personnes selon les régions) sont désormais interdits et les restaurants, jusqu’ici ouverts avec des contraintes horaires, vont désormais devoir fermer.

Au niveau fédéral, l’Allemagne a déjà pris certaines mesures pour lutter contre le virus, en fermant les écoles, garderies et les lieux publics considérés comme non essentiels, et en interdisant les rassemblements.

Mais les autorités n’ont pour le moment pas pris de mesures de confinement sur tout le territoire, comme la France, l’Espagne ou l’Italie.

La tentation de recourir à cette mesure dans tout le pays grandit cependant de jour en jour.

Lors d’une allocution télévisée mercredi, la chancelière Angela Merkel a lancé un avertissement en ce sens, si les consignes de restriction des contacts sociaux continuent à ne pas être strictement respectées.

PHOTO UTA TOCHTERMANN, AGENCE FRANCE-PRESSE

La chancelière allemande Angela Merkel

De nombreux Allemands, jeunes surtout, prennent toujours des libertés avec ces consignes.

Dimanche, les chefs des États régionaux et Angela Merkel doivent se réunir pour décider de durcir ou pas les restrictions déjà mises en place. Le confinement ne peut au final être décidé dans le pays que par les différentes régions en raison de la structure fédérale allemande.