(Milan) Le nombre de cas de contamination au nouveau coronavirus est resté stable lundi en Italie, qui tente d’endiguer la contagion grâce à un cordon sanitaire instauré autour de onze communes du Nord considérées comme le foyer de l’épidémie.  

La soudaine flambée depuis vendredi des cas, passés de 6 à 229 en quatre jours, a fait de l’Italie le pays le plus touché en Europe et le troisième au monde après la Corée du Sud et la Chine.

L’annonce lundi de trois nouveaux décès en Lombardie (Nord-Ouest) a fait grimper le bilan à sept morts, tous survenus dans le Nord du pays : cinq en Lombardie et un en Vénétie (Nord-Est). Il s’agissait à chaque fois de personnes déjà atteintes d’autres pathologies.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui envoie une équipe mercredi en Italie, a estimé lundi que le monde devait se préparer à une « éventuelle pandémie ».

Mais le chef de la Protection civile Angelo Borrelli s’est montré plus rassurant.

« Les chiffres enregistrés en Italie et dans le reste du monde sont limités à des quantités raisonnables et ne sont pas pour le moment de nature à faire changer de typologie, c’est-à-dire de passer d’une épidémie à une pandémie ».

M. Borrelli a précisé qu’il n’y avait « pas d’autres foyers » en Italie que ceux identifiés jusqu’ici en Lombardie et Vénétie. Au total, 172 cas sont dénombrés en Lombardie et 33 en Vénétie.

« Patient zéro »

L’Italie organise mardi après-midi une réunion de ministres européens de la Santé des pays frontaliers de la péninsule pour déterminer « des lignes d’action communes » face à l’épidémie.  Seront représentées la France, la Suisse, l’Autriche, la Slovénie, la Croatie qui a une frontière maritime avec l’Italie, l’Allemagne, voisine de l’Autriche, et l’Union européenne.

Le patient numéro 1 pour la Lombardie est un homme de 38 ans, mais l’origine de sa contamination reste un mystère, du propre aveu du ministère de la Santé, et la recherche du « patient zéro » mobilise le système sanitaire italien.

Une piste s’est ouverte lundi susceptible d’expliquer les contaminations survenues en Lombardie et en Vénétie, qui totalisent à elles seules 194 des 219 cas italiens.  

Un agriculteur de 60 ans, originaire d’Albettone en Vénétie, a appelé la pharmacie de Vo’Euganeo, à 15 km de là, se plaignant de symptômes de grippe, selon le maire de Vo’. L’homme qui fréquentait les bars de ce village Vo’, s’était rendu récemment dans la région de Lodi, au sud de Milan et notamment à Codogno, considéré comme le foyer de l’épidémie en Lombardie.

L’Italie a multiplié depuis vendredi les mesures de précaution, dont la mise en semi-confinement des quelque 52 000 habitants d’une dizaine de villes du Nord (dix autour de Codogno) : les lieux publics y sont fermés, sauf supermarchés et les pharmacies de garde.

Par précaution, toutes les excursions scolaires sont suspendues à l’intérieur et l’extérieur de la péninsule, tout comme les activités liées aux activités Erasmus (programme d’échanges d’étudiants européens).

La progression du coronavirus a aussi conduit plusieurs fédérations sportives italiennes à bouleverser la programmation de nombreux matchs.

Cette crise sanitaire a aussi fait chuter la bourse de Milan, capitale économique du pays, qui a clôturé sur un plongeon de 5,43 %.

Supermarchés dévalisés

Par ailleurs, une soixantaine de passagers venus de Lombardie et de Vénétie voyageant à bord d’un avion de la compagnie italienne Alitalia se sont vu interdire lundi de débarquer à l’île Maurice et ont dû faire demi-tour.

En Lombardie, écoles, universités, mais aussi musées et théâtres dont la prestigieuse Scala de Milan et la cathédrale gothique, symbole de la ville, sont fermés.  

Un cinéma italien sur deux est fermé, chiffre tenant compte des établissements de toutes les régions concernées.  

Certains magasins milanais sont déjà dévalisés et le maire de la ville Beppe Sala a appelé ses concitoyens à la raison : « plutôt que de courir dans les supermarchés pour s’accaparer des aliments, il faudrait prendre soin des plus faibles, en particulier des personnes âgées qui sont celles qui courent le plus de risques ».

En Ligurie (Nord-Ouest), la célébration des messes a été interrompue. Seuls les enterrements et les mariages restent programmés, mais en petit comité.

La Vénétie a interrompu dimanche soir les festivités du carnaval de Venise -qui devait s’achever mardi- ainsi que des manifestations sportives et la fermeture des écoles et musées. Mais bars et restaurants restent ouverts.  

Trois autres régions sont touchées : l’Émilie-Romagne (Nord), le Piémont (Nord-Ouest) frontalier de la France, et le Trentin–Haut-Adige (Nord-Est), frontalier de l’Autriche.

La Foire du livre jeunesse de Bologne, capitale de l’Émilie-Romagne, le plus grand salon de ce genre en Europe, prévue du 30 mars au 2 avril, a annoncé qu’il serait décalé au moins du 4 au 7 mai en raison de l’épidémie.

D’importants retards de trains reliant Milan à Rome ont été enregistrés, des contournements des régions touchées ayant été mis en place par les compagnies ferroviaires.

Rome et sa région, épargnée par l’épidémie-mis à part trois cas importés de Chine et en voie de guérison-s’apprête a mettre en place des mesures d’information et d’hygiène, prévoyant notamment une désinfection renforcée des transports publics.