(Londres) Après plus de trois ans de débats acrimonieux, le Parlement britannique a définitivement adopté mercredi l’accord de Brexit qui dégage la voie à la sortie historique du Royaume-Uni de l’Union européenne fin janvier.  

Le texte, qui règle les modalités du divorce, négocié par le premier ministre conservateur Boris Johnson avec Bruxelles, doit encore être promulgué par la reine Élisabeth II, possiblement dès jeudi, pour avoir force de loi.

La Chambre des communes, où le dirigeant dispose d’une majorité écrasante depuis les législatives de décembre, avait déjà donné son feu vert début janvier au projet de loi sur le retrait du Royaume-Uni de l’UE, prévu le 31 janvier à 23 h.  

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Les drapeaux du Royaume-Uni et de l’Union européenne, suspendus à la devanture du Bureau de liaison du Parlement européen à Londres.

Le texte avait ensuite été transmis à la Chambre des Lords, non élue, qui a adopté cinq amendements au texte, infligeant autant de revers au gouvernement, concernant notamment les droits des citoyens européens résidant au Royaume-Uni ou les enfants réfugiés non accompagnés. Mais ces modifications ont été désavouées par les députés lorsque le projet de loi est revenu devant la Chambre des communes mercredi, et la chambre haute s’est inclinée quand le texte lui a été soumis une seconde fois dans l’après-midi.  

Victoire pour Boris Johnson

Cette adoption définitive de l’accord de divorce marque une grande victoire pour Boris Johnson, arrivé au pouvoir en juillet 2019 en promettant de réaliser le Brexit et de mettre fin à plus de trois ans de déchirements depuis le référendum de 2016, remporté à 52 % par le « Leave ».  

PHOTO PARLEMENT DU ROYAUME-UNI, VIA AFP

L’adoption définitive de l’accord de divorce marque une grande victoire pour Boris Johnson, qu’on voit ici durant la période de questions aujourd’hui.

Le Parlement avait jusqu’ici rejeté l’accord négocié par l’ex-première ministre Theresa May sans proposer d’autre scénario, faisant craindre jusqu’à récemment une sortie brutale ou un renoncement.

La large victoire des conservateurs de Boris Johnson aux élections a changé la donne.  

« Le peuple britannique a attendu plus de trois ans pour que le Brexit se réalise. Adopter le projet de loi de retrait nous permet de le faire de manière ordonnée le 31 janvier », s’est félicité un porte-parole du premier ministre.  

Ratification par le Parlement européen la semaine prochaine

Après son adoption définitive au Royaume-Uni, l’accord de Brexit devra être ratifié par le Parlement européen, probablement le 29 janvier.  

Cela permettra au Royaume-Uni de devenir le premier État membre à quitter le club européen, mettant fin à 47 ans d’un mariage houleux après trois reports et plus de trois ans et demi de psychodrame.  

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L’entrée du Royaume-Uni dans la Communauté économique européenne --ancêtre de l’Union européenne-- avait été controversée en Angleterre et la relation a été houleuse durant les 47 années qu’a durée sa participation. On voit ci-haut le premier ministre Edward Heath signant le traité d’adhésion à la CEE au Palais d’Egmont de Bruxelles, en Belgique.

L’accord de Brexit règle les modalités du divorce en garantissant notamment les droits des citoyens et en résolvant le casse-tête de la frontière irlandaise.

Surtout, il vise à garantir une rupture en douceur en prévoyant une période de transition courant jusqu’à la fin 2020, durant laquelle le Royaume-Uni et l’UE négocieront leur relation future, notamment en matière commerciale.  

Calendrier serré, négociations complexes

Ces négociations s’annoncent d’ores et déjà complexes.

Londres souhaitant aboutir en un temps record, avant la fin de l’année, et exclut toute prolongation de la période transitoire, durant laquelle les Britanniques continueront d’appliquer les règles européennes et d’en bénéficier sans siéger dans les institutions européennes ni avoir leur mot à dire sur les décisions.

Un calendrier jugé très serré à Bruxelles.

Boris Johnson devrait détailler sa vision du futur accord commercial dans un discours début février, selon une source gouvernementale.  

Il est « dans l’intérêt » des deux parties « d’avoir un accord de libre-échange fantastique, sans tarifs douaniers, sans quotas », a-t-il dit en répondant mercredi à des questions du public sur Facebook. « Je suis absolument sûr que nous pouvons le faire ».