(Minsk) Le Bélarus veut diversifier ses sources d’approvisionnement et réduire sa dépendance au pétrole russe, a annoncé mardi le président bélarusse Alexandre Loukachenko alors que Minsk et Moscou sont enferrés dans une nouvelle dispute énergétique.

« Il n’y a pas d’alternative à l’approvisionnement en pétrole russe. Mais […] nous devons nous diversifier », a déclaré M. Loukachenko dans un communiqué publié par la présidence.  

Alors que le Bélarus importait jusqu’à récemment l’intégralité de son pétrole de Russie à un tarif préférentiel, il a précisé avoir pour objectif d’obtenir « 30 à 40 % de pétrole de Russie, 30 % de la Baltique et 30 % par l’Ukraine, une voie déjà éprouvée » dans un contexte d’augmentation des prix russes.

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L'an dernier, des manifestants avaient protesté à Minsk, au Bélarus, contre le projet de plus grande intégration du Bélarus avec le géant russe. L'écriteau montre le drapeau russe barré d'une croix avec le slogan «Non à l'intégration».

La Russie et le Bélarus sont alliés mais leurs relations sont mouvementées, notamment à cause de fréquentes disputes énergétiques.

Négociations difficiles, approvisionnement coupé

Début janvier, le Bélarus a connu quelques jours d’interruption des livraisons russes après l’expiration du contrat régissant les prix et les volumes de pétrole livré par Moscou, avant la conclusion d’un nouveau contrat dont les termes ne sont pas connus et qui pourrait n’assurer que des livraisons partielles et seulement pour le mois de janvier.  

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Le président russe Vladimir Poutine et le président biélorusse Alexandre Loukachenko lors d'une rencontre à Sotchi, en Russie, en février 2019.

Les présidents des deux pays, Alexandre Loukachenko et Vladimir Poutine, s’étaient rencontrés à plusieurs reprises fin 2019 pour arriver à un accord, sans succès.

« Il a été décidé d’acheter-que ce soit du pétrole azerbaïdjanais, saoudien, norvégien, américain, peu importe le type de pétrole-aux prix mondiaux », a ajouté M. Loukachenko, soulignant que la Russie resterait le « principal fournisseur ».   

« Peut-être que le Kazakhstan sera en mesure de nous fournir du pétrole si la Russie est d’accord », a-t-il par ailleurs noté avant de lancer une pique à son allié russe : « C’est étrange : notre allié ne donne pas son accord aux livraisons de pétrole venant d’un autre allié ».

Du pétrole norvégien venu de l'ouest

La compagnie pétrolière bélarusse Belneftekhim a par ailleurs confirmé à l’AFP un premier achat de 80 000 tonnes de pétrole norvégien, une première pour le pays. Il transitera par la Lituanie.  

« S’il y a de l’intérêt, nous pourrons également aborder les livraisons de gaz », a déclaré à l’AFP le ministre des Affaires étrangères lituanien Linas Linkevicius, proposant au Bélarus l’utilisation de ses infrastructures pour ces livraisons.  

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Un réservoir de pértrole à la station de pompage Transneft de Gomel.

« Nous pourrons en parler lors de ma visite à Minsk », prévue début février, a-t-il ajouté.

Minsk achetait jusqu’à présent 24 millions de tonnes de brut à la Russie chaque année, six millions pour ses propres besoins, le reste étant raffiné et exporté, un apport financier majeur pour ce pays à l’économie exsangue.

Le Bélarus est alimenté en pétrole russe par l’oléoduc Droujba (« Amitié » en russe), un des plus importants du monde, qui livre aussi plusieurs pays européens dont l’Allemagne et la Pologne.