(Moscou) Une alliée d’Alexeï Navalny a dénoncé dimanche une « vengeance » des autorités russes, qui ont ouvert une enquête criminelle la visant après qu’elle s’est rendue chez un agent présumé des services de sécurité, que l’opposant accuse d’avoir participé à son empoisonnement.

Libérée après 48 heures de détention préventive, Lioubov Sobol fait l’objet d’une enquête pour « violation de domicile » avec violence ou « menaces » de l’employer. Elle était allée lundi chez un homme que M. Navalny dit avoir piégé au téléphone pour lui faire avouer la tentative d’assassinat.

La peine maximale encourue pour ce délit est de deux ans de prison.

« Je pense que cette affaire pénale me visant est d’abord une vengeance contre Navalny, aussi absurde que cela puisse paraître, une vengeance pour le fait qu’il a survécu après avoir été empoisonné par une arme chimique, une vengeance pour ses activités contre la corruption », a déclaré Mme Sobol au micro de la chaîne de télévision d’opposition Dojd après sa sortie.

« Et comme ils ne peuvent plus rien faire avec lui maintenant, ils ont apparemment décidé de se venger sur moi », a-t-elle ajouté.

Alexeï Navalny, qui se trouve en Allemagne, avait diffusé lundi une vidéo d’une conversation téléphonique avec un membre présumé des services de sécurité russes (FSB), Konstantin Koudriavtsev, dans laquelle ce dernier, pensant parler à un responsable du renseignement, explique que les services ont bien empoisonné l’opposant.

Les autorités russes ont qualifié cette conversation de « falsification », mais n’ont jamais démenti que l’interlocuteur de l’opposant était bien un agent ni que celui-ci était membre de l’équipe chargée de filer l’intéressé.

Avocate de formation et figure montante de l’opposition russe, Mme Sobol, 33 ans, une proche alliée de M. Navalny, s’était rendue lundi dans l’immeuble où l’agent présumé du FSB habitait.

Elle avait aussi diffusé son adresse sur l’internet et de nombreux journalistes étaient alors allés sur les lieux. La police antiémeute avait été déployée sur place et avait interpellé la jeune femme.

Trois laboratoires européens ont conclu qu’Alexeï Navalny avait été empoisonné le 20 août par une substance de type Novitchok, un produit neurotoxique mis au point à des fins militaires à l’époque soviétique.