(Paris) Un premier cas de contamination par le variant de la COVID-19 apparu au Royaume-Uni a été détecté en France vendredi, à l’avant-veille du lancement, dans l’Hexagone, de la campagne de vaccination contre le virus.

La présence de ce variant a été confirmée à Tours, chez un Français résidant habituellement au Royaume-Uni. L’homme est asymptomatique et a été isolé à son domicile, a indiqué le ministère de la Santé, qui a annoncé ce premier cas.

Il s’agit de la « première contamination au variant VOC 202 012/01 du virus de la COVID-19 » détectée en France, précise-t-il. Ce variant est apparu en septembre au Royaume-Uni et des études indiquent qu’il pourrait être plus contagieux.

L’homme était arrivé « de Londres le 19 décembre » et a été « pris en charge » à l’hôpital deux jours plus tard, et « détecté positif au coronavirus ».

Les médecins suspectant qu’il soit atteint de la souche variante, un « séquençage » du virus porté par ce malade avait été demandé au Centre national de référence des virus des infections respiratoires. Ce dernier a confirmé vendredi l’infection au variant VOC 202 012/01.

« Les autorités sanitaires ont procédé au traçage des contacts des professionnels de santé ayant pris en charge le patient et à la recherche de ses personnes-ressources à risque, pour procéder à leur mise en isolement strict », est-il précisé.

Outre ce cas, « à ce jour, plusieurs prélèvements positifs pouvant faire évoquer le variant VOC 202 012/01 sont en cours de séquençage par les laboratoires du CNR », ajoute le ministère.

Plus contagieux

Comme d’autres pays européens, la France craignait depuis plusieurs jours la présence du virus à l’intérieur de ses frontières, malgré le reconfinement de Londres et d’une partie de l’Angleterre, ainsi que la suspension par précaution des liaisons trans-Manche, puis l’instauration de tests obligatoires pour rentrer en France.

Par ailleurs, une procédure a également été mise en place pour les personnes au retour d’Afrique du Sud, « où un autre variant du SARS-CoV-2 circule actuellement de façon active », rappelle le ministère.

Lundi, le ministre de la Santé Olivier Véran admettait qu’il était « possible » que le variant circule déjà en France. Un cas similaire a été signalé en Allemagne, chez une femme arrivée en avion de Londres, et au Liban, également sur un passager londonien.

Selon plusieurs études présentées au Royaume-Uni, le nouveau variant du coronavirus est plus contagieux que la souche d’origine. L’une d’elle, mise en ligne jeudi, estime que cette contagiosité est supérieure de « 50 % à 74 % » et que cela pourrait avoir des conséquences sur le nombre de décès et d’hospitalisations liées à la COVID-19 outre-Manche.

Mais rien ne démontre à ce stade que cette variante entraîne des formes plus graves.

Pas de risque accru de décès

Détecté pour la première fois en septembre en Grande-Bretagne, ce variant baptisé VOC 202 012/01 présente 22 mutations sur son génome. L’une en particulier, nommée N501Y, se situe au niveau de la protéine Spike (spicule) du coronavirus, une pointe à sa surface qui lui permet de s’attacher aux cellules humaines pour les pénétrer, jouant donc un rôle clé dans l’infection virale.

Les chercheurs de la LSHTM (London School of Hygiene and Tropical Medicine (LSHTM), auteurs de l’étude publiée jeudi, ont précisé qu’ils « n’ont pas pour le moment trouvé d’éléments indiquant que les individus qui contractent le nouveau variant présentent un risque accru d’hospitalisation ou de décès ».

Mais même à risque constant, la probable « forte augmentation » du nombre de cas provoquée par cette mutation pourrait avoir d’importantes conséquences sur le bilan de l’épidémie, estiment-ils.

Une meilleure résistance de ce variant aux vaccins qui ont commencé à être distribués aux États-Unis, au Royaume-Uni, et qui sont attendus dans le monde entier, représenterait un scénario catastrophe. Mais ce n’est pas l’hypothèse la plus probable aux yeux des scientifiques.

« Pour le moment, il n’existe aucune preuve suggérant que ce vaccin ne soit pas efficace contre la nouvelle variante », avait déclaré lundi Emer Cooke, la directrice générale de l’Agence européenne des médicaments, en donnant le feu vert au produit développé par Pfizer-BioNTech.  

La confirmation du premier cas en France intervient peu avant le lancement de la campagne de vaccination, qui démarre dimanche à Sevran (Seine-Saint-Denis) et à Dijon, auprès de personnes âgées volontaires.