(Bordeaux) Des abattages préventifs massifs de canards ont été décidés dans les Landes pour « éviter au maximum du possible une forte propagation » de la grippe aviaire détectée dans 18 foyers en France, a annoncé jeudi la préfecture des Landes, dans un communiqué.

À ce jour, le département est l’un des plus touchés avec la Corse, avec sept foyers de H5N8 détectés.  Quelque 40 000 canards de 25 exploitations seront abattus, selon Serge Mora, président du Modef (mouvement de défense des exploitants familiaux) des Landes.  

Après la « contamination récente de deux élevages de canards situés dans les Landes au cœur de la Chalosse, un territoire à forte densité avicole », la préfecture a dit choisir « d’adapter la stratégie de prévention de la maladie afin d’éviter au maximum du possible une forte propagation du virus ».

Elle a décidé de « faire procéder sans délai à des dépeuplements préventifs ciblés dans un rayon de 3 kilomètres autour des foyers de Sort-en-Chalosse et de Bergouey », dans le sud du département.

Jusqu’ici, les mesures de protection sanitaire se contentaient de l’abattage des animaux de l’élevage touché, la désinfection du site, l’interdiction des mouvements de volailles dans l’environnement proche du foyer et la surveillance autour du foyer.  

Cette fois, c’est l’ensemble des élevages qui seront abattus. Ne sont concernés par cet abattage que les canards « du fait de leur très forte sensibilité au virus H5N8 », et, dans un rayon de 1 km, les autres volailles qui ne seraient pas claustrées.

Les pertes des éleveurs seront compensées, assure la préfecture qui met aussi en place un soutien psychologique pour les exploitants.

En parallèle, des zones de surveillance de 10 kilomètres autour des foyers de Sort-en-Chalosse et de Bergouey sont mis en place et « tous les canards doivent être mis à l’abri, ainsi que les autres volailles ».

La contamination « ne s’arrêtera pas », cet abattage préventif « est un coup d’épée dans l’eau », estime Serge Mora.

Le Modef réclame un abattage seulement des bêtes malades : « les agriculteurs veulent vivre de leur travail », dit M. Mora. « Je vois le scénario de 2017, on va tout dépeupler et on va avoir des exploitants sans activité pendant sept, huit ou neuf mois », craint-il. Le Modef appelle à manifester samedi devant la préfecture des Landes.

Rappelant que la filière du foie gras dans la région représente « 7300 emplois directs et 16 000 emplois indirects et totalise un chiffre d’affaires de 438 millions d’euros », les élus landais socialistes ont écrit au ministre de l’Agriculture Julien de Normandie pour lui demander d’accorder la « plus grande attention » à la réponse économique apportée.

« Il est très important que les indemnisations, liées aux conséquences des dépeuplements et des vides sanitaires qui vont suivre, interviennent très rapidement », écrivent les sénateurs Monique Lubin et Éric Kerrouche, le député Boris Vallaud et le président du conseil départemental Xavier Fortinon dans un courrier transmis à l’AFP.

À ce jour, dix-huit foyers d’influenza aviaire ont été détectés dans six départements français : sept en Corse, un dans les Yvelines, sept dans les Landes, un en Vendée, un dans les Hautes-Pyrénées et un dans les Deux-Sèvres.  

Les services de l’État rappellent que, comme plusieurs pays d’Europe, la France est confrontée à un épisode d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) depuis la mi-novembre.  

Le virus en cause (H5N8) atteint exclusivement les oiseaux. Il n’est pas transmissible à l’homme. La maladie circule activement dans la faune sauvage et se manifeste à l’occasion des migrations vers le Sud.  

Ces foyers infectieux ravivent le souvenir des crises des hivers 2015-16 et 2016-17 pour la filière foie gras, marquées par des abattages massifs, même si l’impact économique redouté dans l’immédiat est plutôt celui de la COVID-19 et des restaurants fermés en raison de la pandémie.