(Paris) L’épidémie de COVID-19 circule toujours de manière active en France, comme dans le reste de l’Europe, une situation très fragile à la veille d’un Noël à haut risque de contaminations.

« La situation n’est pas une situation d’urgence, comme à la fin octobre où il fallait absolument reconfiner », explique à l’AFP Mircea Sofonea, maître de conférences en épidémiologie et évolution des maladies infectieuses à l’université de Montpellier.

Mais « depuis la semaine dernière, les chiffres montrent clairement que l’épidémie n’est plus sous contrôle : on le voit au niveau de l’incidence (les nouveaux cas), mais aussi dans la dynamique hospitalière », ajoute l’universitaire, qui appartient à un groupe de recherche sur l’évolution de la COVID-19.

La semaine dernière, le nombre de nouveaux cas positifs enregistrés chaque jour a oscillé entre 12 000 et 18 000, et 14 929 contaminations ont été comptabilisées mercredi.

« Il y a trop de cas au quotidien, plus de 10 000 cas, alors que nous voulions tomber en-dessous des 5000 pour reprendre le contrôle sur les chaînes de contamination », a constaté le ministre de la Santé, Olivier Véran, mardi soir sur TF1. Mais « nous ne sommes pas en flambée épidémique », a-t-il ajouté.

L’inquiétude est plus forte dans la région Grand Est, où la courbe des taux d’incidence est en hausse dans les dix départements, à l’exception des Ardennes.

Plateau haut

Les chiffres sont difficiles à interpréter, car le nombre de tests a sensiblement augmenté ces derniers jours, atteignant plus de 500 000 au niveau national sur la seule journée de vendredi, près du double que le vendredi précédent.  

Les entrées à l’hôpital, qui restent l’un des indicateurs les plus solides, traduisent un long plateau à un niveau élevé. « On a une situation préoccupante en Bourgogne–Franche-Comté et dans le Grand Est, avec une forte pression sur les hôpitaux et la médecine de ville, et ce sont les régions où la reprise épidémique est la plus forte », s’inquiète le président de la Fédération hospitalière de France, Frédéric Valletoux.

Au niveau national, le nombre de personnes hospitalisées se maintient autour de 25 000 depuis le 8 décembre, alors qu’il avait continuellement baissé depuis le pic de la deuxième vague le 16 novembre (33 466).  

Quant aux malades accueillis en services de réanimation, les cas les plus graves, ils étaient à un peu plus de 2700 mercredi, une baisse très lente depuis deux semaines.  

A titre de comparaison, il y avait moins de 10 000 patients COVID-19 hospitalisés en France au 15 octobre, juste avant l’instauration des couvre-feux en Ile-de-France et huit métropoles.

« On se stabilise à un niveau très élevé. Donc, si l’on a une reprise épidémique début janvier, il y a forcément une grosse inquiétude », alerte Frédéric Valletoux, alors que l’épidémie a fait près de 62 000 morts dans les hôpitaux et les Ehpad.

« Parcimonie »

Or, pour la cheffe de service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, Karine Lacombe, il est « évident qu’à l’issue de cette période de Noël, on va avoir une augmentation des contaminations, des arrivées en réanimation ». « C’est inéluctable », a-t-elle prédit sur BFMTV/RMC, « à moins que chacun se responsabilise individuellement et décide de passer Noël en petit comité ».

« Les fêtes cumulent le brassage géographique, la transmission intergénérationnelle, l’abolition des gestes barrières, dans un contexte hivernal où le virus circule plus facilement », relève également Mircea Sofonea.

En revanche, ce risque pourrait être contrebalancé par la fermeture des écoles et la réduction de l’activité du pays pendant quinze jours pour cause de vacances, avec un couvre-feu à 20 h.

Dans ce contexte, faut-il déjà prévoir un reconfinement juste après Noël, comme l’ont suggéré les maires de Reims et de Nancy ? Pour l’instant, le gouvernement semble écarter cette solution.

« Les restrictions doivent être utilisées avec parcimonie, comme un capital dont il ne faut pas abuser, parce qu’il y a de la lassitude et de l’exaspération », explique Mircea Sofonea. Reconfiner juste après Noël, c’est selon lui « avoir une semaine de confinement qui sera considérée comme telle par la population, mais en plein milieu des vacances, donc avec une efficacité moindre ».  

« Je pense qu’on va vraiment savoir aux alentours du 10 janvier ce qu’il va falloir qu’on fasse », pense de son côté Karine Lacombe, alors que les lieux culturels, les bars et les restaurants sont fermés depuis le 30 octobre et n’entrevoient pas le bout du tunnel avant le courant du mois de janvier au mieux.