(Stockholm) La Suède n’a pas changé de stratégie face au coronavirus en dépit du durcissement des recommandations et restrictions face au bilan de plus en plus lourd de la deuxième vague, a affirmé mardi son premier ministre.

« Je peux comprendre qu’on soit tenté de se demander : "la stratégie a-t-elle changé ?" Non, c’est exactement la même stratégie : veiller à limiter autant que possible la propagation de l’infection »,  a déclaré le premier ministre Stefan Löfven dans une interview à la télévision publique SVT.

« Mais il est clair qu’en fonction de la situation on peut aussi faire des changements », a-t-il affirmé.

Contrairement aux dispositifs imposés largement ailleurs en Europe, la Suède a mené une stratégie différente basée principalement sur des recommandations, sans confinement et quasiment sans mesures coercitives.

Mais face à la remontée des cas et des morts depuis cet automne, le gouvernement a durci le ton mi-novembre, notamment en limitant les évènements publics à une jauge de huit personnes. Chacun est depuis appelé à ne fréquenter que les membres de son foyer.

Mardi, le pays nordique, où les vaccinations contre la COVID-19 doivent débuter le 27 décembre, a atteint un nouveau bilan de 8167 morts.

Avec environ 800 décès par million d’habitants, le pays fait mieux que des pays ayant confiné, comme l’Italie, le Royaume-Uni ou la France, mais quatre à dix fois moins bien que ses voisins danois, norvégien et finlandais.

Lundi, face à la détection d’une nouvelle variante problématique du coronavirus, la Suède a également fermé pour la première fois sa frontière avec le Royaume-Uni et le Danemark, pour éviter avec ce dernier des transmissions liées au shopping transfrontalier.

Si un confinement ou des fermetures complètes des bars, restaurants et magasins ne sont pas à l’ordre du jour, Stefan Löfven a présenté vendredi une nouvelle série de restrictions face à une deuxième vague qui a déjà emporté plus de 2100 vies.

Introduction de jauges de visiteurs dans les commerces et les salles de sport, limitation des tablées à quatre personnes maximum dans les restaurants, et recommandation de porter le masque dans les transports publics à partir de début janvier, notamment aux heures de pointe lorsque la distanciation est impossible.

La Suède ne recommandait jusqu’ici le port du masque nulle part en dehors des services de santé, une position singulière en Europe et même dans le monde.

Plus de neuf mois après l’arrivée de la pandémie en Europe, le pays scandinave va également présenter une nouvelle loi temporaire permettant notamment de fermer les commerces et les restaurants, après une première mouture inefficace.

Le plan initial du gouvernement était que le texte doive entrer en vigueur à la mi-mars, mais l’exécutif suédois a fait savoir mardi qu’il visait désormais mi-janvier.

Lors d’une conférence de presse, Stefan Löfven a également annoncé la nomination d’un comité pour un éventuel changement de constitution pour affronter de nouvelles crises.  

Juridiquement, celle-ci empêche très largement de restreindre les libertés de mouvement en temps de paix, par exemple des mesures de confinement de la population.