(Paris) Emmanuel Macron a appelé vendredi à « redoubler de vigilance » lors des fêtes de fin d’année, après les annonces en forme de douche froide du gouvernement, avec un secteur culturel qui restera fermé et un réveillon du Nouvel An sous couvre-feu pour cause d’épidémie de COVID-19 insuffisamment maîtrisée.

« Noël est entre nos mains », a lancé le chef de l’État. « Évidemment on doit se retrouver, mais moins que d’habitude pour Noël, moins nombreux ». Et en portant le masque, a-t-il recommandé, afin de « ne pas [se] retrouver dans une situation où l’épidémie aurait repris de plus belle » début 2021.

Il y a « beaucoup de règles et je sais qu’elles vous pèsent », a-t-il reconnu, tout en rappelant que la volonté était de « protéger » la population.

Car si la France sortira bien du confinement le 15 décembre, avec des déplacements autorisés sur tout le territoire, le couvre-feu sera plus sévère que prévu : de 20 h à 6 h, sauf en outre-mer.

Et les cinémas, théâtres et musées ne pourront rouvrir le 15 décembre, comme initialement prévu, mais resteront fermés au moins trois semaines de plus.  

Une mesure rendue nécessaire par le fait que la situation épidémique a cessé de s’améliorer : 13 406 nouvelles contaminations ont été recensées entre jeudi et vendredi, très loin de l’objectif de 5000 cas par jour fixé par M. Macron pour un déconfinement élargi. Le bilan des décès s’élève quant à lui à au moins 57 567.

Et il existe un « risque élevé » que la circulation du virus reparte à la hausse « dans les prochaines semaines en France », a prévenu vendredi Santé publique France dans son dernier bulletin épidémiologique hebdomadaire.

Consternés et révoltés

Pour tenter de faire passer la pilule, le gouvernement a promis de nouvelles aides au secteur culturel.

« J’ai dit au premier ministre que j’avais besoin de 35 millions d’euros supplémentaires pour faire la fin de l’année et je sais que je les obtiendrai pour les cinémas, théâtres, lieux de concert, les opéras », a assuré la ministre de la Culture Roselyne Bachelot vendredi sur RMC/BFMTV.

Mais cela ne suffira sans doute pas à apaiser la colère. « Nous sommes consternés et révoltés », a tonné le délégué général de la Fédération nationale des cinémas français, Marc-Olivier Sebbag, en appelant à se mobiliser.

« Le monde de la culture a un sentiment amer, d’injustice », a commenté le chanteur Grand Corps Malade qui a sorti ce vendredi « Pas essentiel », chanson-écho à ce que ressentent les artistes. « Être catalogué pas essentiel, c’est comme une gifle », poursuit-il dans un entretien à l’AFP.

D’autres secteurs grognent. Le premier ministre a ainsi tenu une visioconférence avec les élus et professionnels de la montagne, effondrés par la fermeture des remontées mécaniques pendant les vacances de Noël. Il leur a dit envisager une réouverture, mais seulement le 7 janvier.

Les vacances ne ressembleront en tout cas à rien d’habituel.

Certes, les déplacements seront autorisés le soir de Noël, le 24 décembre, a indiqué le premier ministre Jean Castex, en recommandant à nouveau de ne pas se réunir à « plus de six adultes » et de « limiter les interactions au cours des cinq jours précédents » en cas de rencontre avec une personne vulnérable.

Mais si c’est oui pour Noël, c’est non pour le Nouvel An : il faudra rester chez soi le 31 décembre, car le réveillon « concentre tous les ingrédients d’un rebond épidémique », selon M. Castex, qui n’a pas exclu qu’on puisse inviter quelques personnes en respectant le couvre-feu.

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé qu’il n’y aurait « pas de consignes d’indulgence » et que les contrôles seront « renforcés », notamment le soir du 31 décembre. Plus de 2,9 millions de contrôles, donnant lieu à plus de 285 000 verbalisations, ont été effectués depuis le début du deuxième confinement.

Selon cette même logique, les jauges de fréquentation pour les lieux de culte « ne seront pas revues à la hausse » mardi, selon lui.

Retard pour Sanofi

Alors que le premier ministre a dit comprendre « la lassitude, les doutes et les souffrances » malgré l’espoir du vaccin, l’exécutif doit faire face à la défiance des Français : 36 % seulement font confiance au gouvernement pour lutter efficacement contre l’épidémie selon un sondage Elabe, 12 points de moins qu’il y a deux semaines.

De son côté, le géant pharmaceutique français Sanofi a connu une grosse désillusion : il a annoncé vendredi que le vaccin qu’il développe avec le laboratoire britannique GSK ne serait finalement prêt que fin 2021.

Les essais ont en effet montré qu’il n’était pas assez efficace sur les personnes âgées, qui font partie des catégories à risque pour la COVID-19.

La conduite du programme « est retardée afin d’améliorer la réponse immunitaire chez les personnes âgées », indiquent les groupes dans un communiqué. Ils tablent désormais sur une mise à disposition du vaccin au quatrième trimestre l’an prochain, alors qu’ils visaient initialement une demande d’homologation au premier semestre de 2021.

Sanofi et GSK avaient passé plusieurs contrats de livraison, dont l’un avec l’Union européenne qui lui a réservé 300 millions de doses de vaccins pour 2021. Ce retard va donc leur être préjudiciable face à leurs principaux concurrents, dont l’alliance américano-allemande Pfizer/BioNTech ou le laboratoire américain Moderna.