(Londres) Près de 99 % des 56 millions d’habitants de l’Angleterre continueront à vivre sous de strictes restrictions après la fin du confinement début décembre, a annoncé jeudi le gouvernement britannique en détaillant sa stratégie locale contre la pandémie.

Après un mois de confinement général s’achevant le 2 décembre, l’Angleterre reviendra à des restrictions imposées localement en fonction de l’incidence du virus, selon un système à trois niveaux de gravité.  

« Nous sommes désormais dans une situation bien meilleure qu’avant l’entrée en vigueur » du confinement, a estimé le premier ministre Boris Johnson lors d’une conférence de presse, « mais le danger n’a pas disparu et […] ces mesures sévères sont le meilleur moyen d’éviter » un reconfinement après le Nouvel An.  

Le ministre de la Santé Matt Hancock a lui jugé devant les députés ces restrictions « nécessaires étant donné l’ampleur de la menace », soulignant que ces mesures locales seront plus strictes que celles prévalant avant le confinement, afin de « garder le virus sous contrôle ».

Partout en Angleterre, les commerces non essentiels pourront rouvrir et la consigne de rester chez soi sera levée. Le télétravail restera recommandé dans tous les cas.  

Mais dans les zones placées dans le niveau d’alerte le plus élevé, comme Birmingham, Manchester, Newcastle, Bristol et Leeds (23 millions de personnes au total), les pubs et restaurants resteront fermés, ne pouvant proposer que de la vente à emporter ou des livraisons. Il sera interdit de rencontrer des personnes n’appartenant pas à son foyer, à l’intérieur comme à l’extérieur, sauf exceptions comme dans des parcs.  

« Coup dur » pour les bars

Dans la capitale Londres, comme dans la majorité de l’Angleterre (32 millions de personnes), le risque est considéré comme « élevé » (niveau 2) : les pubs et restaurants ne peuvent ouvrir que s’ils servent des repas et les réunions entre différents foyers sont limitées à six personnes à l’extérieur, mais interdites à l’intérieur, interdisant repas entre amis et familles chez soi comme au restaurant.

Le maire de Londres Sadiq Khan a salué la fin du confinement comme un « coup de pouce bienvenu pour les magasins et entreprises contraints de fermer au moment où les préparatifs de Noël commençaient », mais s’est aussi dit « extrêmement déçu » que le gouvernement maintienne certaines mesures, comme le « véritable coup dur » que constitue le couvre-feu sur les bars, repoussé cependant de 22 h à 23 h.

Seules trois zones, représentant à peine 1,27 % de la population anglaise, ont été placées dans le niveau d’alerte « moyen », le moins élevé : les Cornouailles, l’Ile de Wight et les Iles Scilly.  

Ce classement fera l’objet d’une première évaluation le 16 décembre. Le maire de Manchester Andy Burnham a déjà prévenu qu’il demanderait à ce que sa ville repasse en niveau 2, estimant que le niveau d’alerte maximal « touchera très durement le secteur de l’hôtellerie et de la restauration ».  

« Il est complètement injuste que le gouvernement n’aide pas plus les entreprises situées en zone d’alerte trois, que celles situées dans les zones d’alerte un ou deux », a-t-il ajouté.  

Les populations résidant dans les zones où les restrictions sont les plus élevées se verront cependant proposer un dépistage à grande échelle, avec des tests rapides fournissant un résultat dans l’heure.  

Les administrations locales « pourront dès la semaine prochaine demander l’aide des forces armées » dans cette tâche, a indiqué un porte-parole du premier ministre, le ministère de la Défense tenant 14 000 soldats disponibles pour le dépistage.  

« Je suis absolument convaincu que dans quelques mois seulement, nous aurons un vaccin », a affirmé Boris Johnson, espérant que « d’ici avril les choses iront mieux ».

En début de semaine, le gouvernement avait annoncé une trêve pour Noël, autorisant trois foyers maximum à se rassembler pendant cinq jours du 23 au 27 décembre.  

Le Royaume-Uni, où chaque région comme l’Angleterre définit sa propre stratégie sanitaire, est le pays le plus endeuillé d’Europe avec plus de 57 000 morts et 1,5 million de cas positifs.