(Paris) Des enquêtes ont été ouvertes en France suite à des menaces contre un imam pourfendeur de l’intégrisme islamiste qui se sont intensifiées depuis l’assassinat d’un professeur, tué pour avoir montré des caricatures de Mahomet, a-t-on appris dimanche de source judiciaire.

Trois enquêtes ont été confiées à la Brigade de répression de la délinquance aux personnes, a indiqué à l’AFP le parquet de Paris, confirmant une information du quotidien Le Parisien.

« L’une porte sur des faits d’apologie du terrorisme et de menace de mort, une autre sur des faits de provocation à la commission d’atteinte à l’intégrité physique ou à la vie et la dernière sur des faits de menaces de mort », a précisé le parquet.

Hassen Chalghoumi, 48 ans, est l’imam de la mosquée de Drancy en banlieue parisienne, dont la représentativité est souvent contestée dans la communauté musulmane. Il est connu pour ses prises de position contre l’intégrisme et ses rapports d’amitié avec la communauté juive, qui lui valent critiques et menaces, largement relayées sur l’internet.

Selon son avocat Me David-Olivier Kaminski, l’imam fait l’objet d’une menace « complètement exacerbée » depuis la décapitation mi-octobre de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie au collège de Conflans-Sainte-Honorine en région parisienne.

« Il ne s’exprime pas au nom des musulmans, mais est une des voix, et défend les valeurs de la République », a souligné Me Kaminiski.

Ce dernier a écrit le 27 octobre un courrier au président français Emmanuel Macron, révélé par Le Parisien et consulté par l’AFP, pour demander un « renfort » de la protection policière autour de son client, et adressé des plaintes au parquet de Paris.

Suite à l’assassinat de Samuel Paty, M. Chalghoumi s’était recueilli en compagnie de représentants du culte musulman d’Île-de-France devant le collège où officiait l’enseignant.

L’imam avait notamment été la cible du collectif pro-palestinien Cheikh Yassine, dont le fondateur Abdelhakim Sefrioui, un militant islamiste radical, a été mis en examen dans l’enquête sur l’assassinat de Samuel Paty.

Le collectif avait déclenché en 2010 une cabale contre M. Chalghoumi, en manifestant pendant des mois devant la mosquée de Drancy. Deux membres de l’organisation avaient même été condamnés à deux mois de prison avec sursis pour avoir tenté de s’introduire au domicile de l’imam.