(Bruxelles) Les États membres de l’UE se sont accordés vendredi pour demander une réforme en profondeur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), visant à la rendre « plus puissante » et à ce qu’elle puisse mener des enquêtes « indépendantes ».

À l’occasion d’une réunion des ministres européens de la Santé, les 27 pays membres ont témoigné « d’un accord unanime pour réformer » l’OMS, qui doit devenir « plus transparente, plus efficace et plus puissante », a affirmé à la presse le ministre allemand, Jens Spahn.

« Nous voulons commencer dès maintenant et ne pas attendre la fin de la pandémie [de COVID-19]. Ce débat doit se dérouler en parallèle », a insisté M. Spahn, dont le pays occupe la présidence tournante de l’UE.

Les ministres européens ont débattu des termes d’une déclaration commune destinée à être approuvée courant novembre.

Dans ce projet de déclaration, que l’AFP a pu consulter, l’UE estime que l’OMS, en première ligne pour combattre la propagation de la COVID-19, était mal équipée pour y faire face.

« Bien que l’OMS dispose d’un large mandat, la récente pandémie a montré que les attentes de la communauté internationale envers l’organisation […] dépassaient généralement ce que pouvaient assurer les capacités actuelles de l’OMS », est-il constaté dans ce document.

Certes, les membres de l’UE « prennent note des défis […] auxquels l’OMS est confrontée dans l’actuel contexte géopolitique ».

En particulier, le président américain Donald Trump accuse l’OMS d’être trop proche de la Chine, foyer de la COVID-19, et son administration a entamé les procédures pour retirer les États-Unis de l’organisation onusienne, dont Washington est le principal contributeur.

Les 27 pourraient donc appeler « à renforcer davantage […] l’indépendance, le travail normatif, la capacité technique, la responsabilisation, l’efficacité et la transparence » de l’OMS.

Parmi les pistes explorées dans le projet de déclaration figure notamment « la possibilité de mener des évaluations épidémiologiques indépendantes sur place dans les zones à haut risque (pour la propagation de virus) en étroit lien avec les États » concernés.

La Chine, où était apparu fin 2019 le nouveau coronavirus, avait été très critiquée pour avoir refusé des enquêtes entièrement indépendantes sur son sol au début de la pandémie.

« Nous voulons que les pays du G7 aient une position commune » sur ces réformes « et trouver des partenaires dans le monde entier pour les initier. […] Nous parlerons également à la Chine », a ajouté M. Spahn, estimant aussi que les États membres pourraient être appelés à augmenter leurs contributions.