(Bruxelles) Le négociateur européen sur le Brexit, Michel Barnier, s’est dit prêt mercredi à rechercher « les compromis nécessaires, de chaque côté » pour conclure un accord commercial post-Brexit avec le Royaume-Uni, une promesse accueillie « avec intérêt » par Downing Street, laissant espérer un apaisement.

« Nous chercherons les compromis nécessaires, de chaque côté, pour avoir un accord jusqu’au dernier jour utile. Notre porte restera toujours ouverte », a déclaré le Français, qui doit s’entretenir vers 10 h avec son homologue britannique David Frost.

« Tout futur accord se fera dans le respect de l’autonomie de décision de l’Union européenne et dans le respect de la souveraineté britannique », a-t-il également promis en s’exprimant devant les eurodéputés.

Il a jugé, « malgré les difficultés », un accord toujours à « portée », « si nous sommes, des deux côtés, prêts à travailler constructivement et dans un esprit de compromis » et « à résoudre les sujets les plus difficiles ». « Le temps est limité », a-t-il justifié.

Les Européens estiment qu’un accord de libre-échange doit être conclu avant la fin du mois pour qu’il puisse entrer en vigueur le 1er janvier, quand les règles européennes cesseront de concerner le Royaume-Uni.

« Il va de soi, évidemment, que tout accord international implique des contraintes entre les deux parties, mutuellement acceptées », a encore déclaré Michel Barnier.  

Cet appel au compromis des deux côtés de la Manche a été suivi « avec intérêt » par Downing Street, selon un porte-parole.

M. Barnier « a commenté de manière significative les questions qui sont à l’origine des difficultés actuelles de nos discussions. Nous étudions attentivement ce qui a été dit », a-t-il ajouté.

Alors que les négociations sont plus enlisées que jamais, Londres et Bruxelles sont engagés depuis plusieurs jours dans une partie de ping-pong, s’appelant mutuellement à faire un pas l’un vers l’autre pour les débloquer.

Les Britanniques réclament un « changement fondamental d’approche de l’UE », en particulier l’assurance que les Européens sont eux aussi prêts à faire des concessions pour voir la discussion aboutir, ce que ces derniers ne cessent de répéter depuis jeudi dernier.

En attendant, le premier ministre britannique Boris Johnson a déclaré les pourparlers « terminés » et demandé à son pays de se préparer à un « no deal », une perspective potentiellement dévastatrice pour des économies déjà ébranlées par la pandémie de COVID-19.

« Le Royaume-Uni a maintenant un choix important à faire concernant son propre avenir. Il ne s’agit pas de choisir une tactique de négociation. Il s’agit de choisir le modèle de société et le modèle d’économie pour leur propre avenir », a commenté mercredi le président du Conseil européen, Charles Michel, lui aussi devant les eurodéputés.

L’ex-premier ministre belge a reproché à Londres de vouloir accéder au marché unique européen « tout en étant capable de s’écarter de nos normes et réglementations, quand cela lui convient ».  

Mais « on ne peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre, et le sourire de la crémière », a-t-il lancé.

Les discussions butent toujours sur trois sujets : l’accès des Européens aux poissonneuses eaux britanniques, les garanties réclamées à Londres en matière de concurrence, et la manière de régler les différends dans le futur accord.