(Berlin) Des mesures jugées disproportionnées : plusieurs restrictions imposées par le gouvernement allemand et les régions, comme la fermeture des bars ou l’interdiction de séjourner à l’hôtel, ont été cassées ces derniers jours par la justice administrative.

La décision la plus spectaculaire est venue vendredi matin du tribunal administratif de Berlin.

Saisi en référé par 11 restaurateurs et exploitants de bars, le tribunal a annulé l’obligation imposée aux établissements de la capitale de fermer entre 23 h et 6 h.

Cette tranche horaire voit habituellement déambuler chaque week-end des dizaines de milliers de personnes dans les rues de la capitale où de nombreux lieux restent ouverts toute la nuit.

Les juges administratifs ont estimé que ces horaires, en vigueur depuis le 10 octobre et qui devaient être imposés au moins jusqu’à la fin du mois, ne contribuaient pas à « une réduction significative de l’incidence de l’infection ».  

Ça a été une semaine dramatique. Nos affaires commencent vraiment à partir de 22 heures, donc on peut dire que c’était une perte totale de revenus parce que les clients ne sortaient pas du tout », a réagi un des plaignants, Mike Stolz, auprès de l’AFP.

La municipalité de Berlin a annoncé qu’elle faisait appel de cette décision.

Record

L’interdiction de vente d’alcool dans les stations-service ou épiceries après 23 h reste elle en vigueur.

La mairie de Berlin avait pris cette décision devant la hausse inquiétante des cas de COVID-19 dans la capitale, classée « zone à risque » comme de nombreuses autres grandes villes allemandes.

Le taux d’incidence s’y élevait vendredi à 73,9 nouvelles infections pour 100 000 habitants et la capitale a enregistré 551 nouveaux cas ces dernières 24 heures, selon l’institut Robert Koch.

Le ministre de la Santé, Jens Spahn, a dit « regretter » cette décision du tribunal.

« Je pense que l’idée de fermer est juste si nous voulons que les garderies, les écoles, le commerce et l’économie restent en fonctionnement normal », a-t-il déclaré, soulignant que la « socialisation », encore plus sous l’effet de l’alcool, était un « moteur » de contamination.

L’Allemagne a atteint vendredi un nouveau record de 7334 nouveaux cas positifs en 24 heures.

Lors d’une réunion de crise mercredi, Angela Merkel et les dirigeants régionaux ont établi une feuille de route nationale listant de nouvelles restrictions, parmi lesquelles des fermetures nocturnes de bars et restaurants à partir d’un certain seuil de contaminations.

D’autres villes, comme Francfort ou Cologne, ont pris des mesures similaires.

À Berlin, il s’agissait d’un nouveau coup très dur pour l’économie locle, déjà affectée par la fermeture des clubs depuis plusieurs mois.

Les clubs à eux seuls ont rapporté plus de 1,5 milliard d’euros à la ville en 2018.

Nouveau front

La stratégie du gouvernement et des Länder est mise à mal dans d’autres régions où la justice a retoqué des interdictions de séjour ciblant les visiteurs en provenance de zones à risque en Allemagne. Ces décisions locales ont créé la confusion en pleines vacances d’automne des Allemands, pourtant pressés par les autorités de ne pas partir à l’étranger.

Un tribunal administratif du Bade-Wurtemberg a ainsi annulé jeudi une telle interdiction d’hébergement.

Saisi par une famille de Rhénanie du Nord-Westphalie qui avait effectué une location dans ce Land du sud-ouest de l’Allemagne, le tribunal a dénoncé une atteinte au droit à la libre-circulation.

Les autorités du Bade-Wurtemberg n’ont de surcroît pas apporté de preuve que les hôtels et les pensions étaient des « moteurs » de l’infection, selon la justice.

Une décision identique a été prise par le tribunal administratif de Lunebourg, en Basse-Saxe. Cette fois, c’est un exploitant d’une résidence de vacances qui a obtenu la suspension de cette interdiction.

Des recours similaires ont été déposés dans le Brandebourg et le Mecklembourg-Poméranie occidentale, qui a adopté les règles les plus sévères avec tests négatifs et période de quarantaine obligatoires.

La Bavière ou la Saxe ont elles levé leurs restrictions.

Un nouveau front pourrait en outre s’ouvrir dans les prochains jours : les régions frontalières avec la France contestent le placement du Grand Est sur la liste des zones à risques, craignant que soient entravés les échanges frontaliers.