(Bruxelles) L’Union européenne a annoncé lundi être prête à sanctionner le président de la Biélorussie, Alexandre Loukachenko, au lendemain d’une nouvelle journée de manifestations durement réprimées par le régime.

« Conformément à l’approche progressive adoptée, l’UE est prête à prendre d’autres mesures restrictives, notamment contre des entités et des fonctionnaires de haut rang, dont Alexandre Loukachenko », a précisé le Conseil de l’UE dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion des ministres des Affaires étrangères au Luxembourg.

Les sanctions consistent en « une interdiction de voyager et un gel des avoirs, à l’encontre des personnes responsables de la fraude à l’élection présidentielle et de la violente répression contre des manifestations pacifiques », précise le texte de la décision approuvée à l’unanimité.

« Un accord politique a été trouvé pour élargir la liste des sanctions avec l’ajout du président Loukachenko », avaient indiqué deux sources diplomatiques à l’AFP à l’issue de la discussion.

« Des membres de la famille du président et des juges seront également sanctionnés », avaient-elles précisé.  

Aucune objection n’a été émise pour élargir la liste des sanctions au président de la Biélorussie.

La décision doit encore être finalisée et publiée au Journal officiel de l’UE pour entrer en vigueur. « Le travail sur la liste additionnelle a été lancé aujourd’hui », a-t-on précisé de source diplomatique.

Le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas avait réclamé l’adoption de nouvelles mesures à son arrivée à Luxembourg.

« Rien ne s’est amélioré en Biélorussie. La violence du régime de Loukachenko et l’arrestation de manifestants pacifiques se poursuivent. J’ai suggéré que nous lancions un nouveau paquet de sanctions et que Loukachenko fasse partie des personnes sanctionnées », avait-il annoncé.

L’UE a déjà sanctionné 40 responsables du régime, dont le ministre de l’intérieur et son adjoint, accusés d’être impliqués dans la répression et le truquage de l’élection présidentielle du 9 août dont l’UE ne reconnaît pas le résultat.

Le président de la Biélorussie ne figurait pas encore au nombre des personnes visées afin de le contraindre à accepter une médiation de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) et à engager des discussions avec l’opposition pour organiser une nouvelle présidentielle.

Plusieurs pays de l’UE ont par ailleurs rappelé leurs ambassadeurs à Minsk pour consultations en signe de solidarité avec la Pologne et la Lituanie, contraintes par Minsk de réduire le nombre de leurs diplomates en poste à Minsk.

L’UE veut « coordonner son action » de protestation, « mais cherche également à maintenir un lien avec la société civile, victime de la répression », a-t-on expliqué de source diplomatique.

Les Européens vont également chercher un accord pour sanctionner l’empoisonnement de l’opposant russe Alexeï Navalny.

« Nous avons soumis une proposition avec la France et nous en discuterons pour la première fois aujourd’hui et nous nous mettrons d’accord sur la marche à suivre », a expliqué Heiko Maas.

Les ministres vont avoir « une discussion sur cette proposition, mais aucune décision » n’est prévue lundi, a-t-on indiqué de sources diplomatiques européennes.

La France et l’Allemagne proposent à leurs partenaires d’accepter d’inscrire plusieurs personnes et une entreprise russe où est fabriqué le Novitchok, un agent neurotoxique dont l’utilisation est interdite, sur la liste européenne des sanctions créées pour l’utilisation d’armes chimiques.

Cette liste compte déjà 8 noms et un centre de recherche en Syrie. Les sanctions européennes consistent en une interdiction de visa et le gel des avoirs dans l’UE, ainsi que l’interdiction de bénéficier de financements européens.