(Paris) Quelques maigres cortèges, émaillés de heurts, ont marqué samedi la rentrée du mouvement protestataire des « gilets jaunes » en France.

Né le 17 novembre 2018, ce mouvement anti-élites cherche un second souffle après une première année où il a embrasé la France, entre occupations de ronds-points et manifestations parfois violentes.

Dans le nord-ouest de la capitale, proche de la place Wagram, lieu de rassemblement, des affrontements ont éclaté tout au long de l’après-midi entre manifestants et forces de l’ordre.

Des poubelles ont été incendiées, le mobilier urbain renversé et une voiture brûlée, a constaté un journaliste de l’AFP. De leur côté, les forces de l’ordre ont tiré des grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants sortis du parcours autorisé par la préfecture.

« Le mouvement est mort, je le dis clairement, mais on est là, car rien à perdre. C’est un peu un baroud d’honneur », a confié Michael, « gilet jaune » parisien de 43 ans.

Dans les rangs clairsemés reviennent dans les conversations la déception de la faible participation du jour et l’évocation nostalgique des souvenirs des grandes manifestations passées.

« Pouvoir remplir son frigo dignement », « Demain le ciel sera jaune », clament les pancartes du second cortège. Partis dans le calme depuis la place de la Bourse, les manifestants - quelques centaines - doivent rallier la porte de Champerret (au nord-ouest de Paris).

« Ça fait du bien d’être ensemble même si ça manque de monde, on se demande pourquoi les gens ne sont pas sensibilisés », regrette Michael, agent de la fonction publique, 50 ans, qui préfère garder l’anonymat.

Il évoque pêle-mêle parmi ses motivations : « la casse sociale et économique », « nos libertés fondamentales de plus en plus atteintes », avant d’ajouter « et on nous masque toute cette offensive contre nos droits avec un pseudo feuilleton de la COVID-19 ».

Sur les Champs-Élysées à Paris, où deux manifestations avaient été interdites par la préfecture de police, un important dispositif policier était déployé et de nombreux commerçants avaient barricadé leurs vitrines.

Dans le centre de Toulouse (sud-ouest), plusieurs centaines de « gilets jaunes » étaient au rendez-vous malgré l’interdiction de manifester pour raison sanitaire. Les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogène, tout comme à Lyon (est) où la manifestation était aussi interdite.

À Colmar (nord-est), entre 100 et 150 « gilets jaunes » ont posé à l’aide d’une échelle un grand masque jaune sur le visage de la Statue de la Liberté, une réplique installée sur un rond-point à l’entrée de la ville.

Habitant de Pau (sud-ouest), « Dodo », 53 ans, avait fait le déplacement jusqu’à Toulouse : « Je n’étais pas “gilet jaune” au départ, mais les choses ne font qu’empirer pour les gens en situation de pauvreté. Rien n’a changé après deux ans de lutte ».