(Paris) Avec près de 25 000 nouveaux cas en trois jours, et des indicateurs qui se détériorent, l’épidémie de COVID-19 s’accélère en France, ce qui n’empêche pas le gouvernement d’envisager de réduire la période d’isolement des malades et des cas contacts.

Après un pic à près de 9000 nouveaux cas vendredi, un record depuis le début de l’épidémie et des tests à grande échelle en France, 8500 cas environ ont été confirmés samedi, puis un peu plus de 7000 dimanche, d’après Santé publique France.  

L’augmentation observée depuis le début de l’été continue donc de s’accélérer, alors que les Français font leur rentrée dans les écoles et dans les entreprises.

L’évolution des autres indicateurs reste inquiétante dans l’Hexagone : 58 nouveaux foyers de contamination (« clusters ») ont été détectés au cours des dernières 24 heures.

Et le taux de positivité (part des cas positifs, sur l’ensemble des personnes testées sur 7 jours) continue d’augmenter : il a atteint 4,9 % dimanche, contre 4,3 % en milieu de semaine et 3,9 % fin août, poursuivant sa crue lente mais régulière.

Au total, 30 701 décès liés à la COVID-19 ont été recensés depuis le début de l’épidémie en France.

Si le nombre de cas graves en réanimation, inférieure à 500 selon les derniers chiffres disponibles, reste très loin des niveaux enregistrés en mars-avril, au plus fort de la crise sanitaire (il avait culminé à plus de 7000), le ministre de la Santé Olivier Véran a prévenu qu’il allait augmenter, mécaniquement, dans le sillage de la hausse des contaminations.

Messages d’avertissement

« Ce que je peux vous dire d’ores et déjà, c’est que l’hospitalisation et l’admission en réanimation n’est que le reflet de la situation épidémique d’il y a deux semaines et donc il est évident que dans les quinze prochains jours, il y a aura une augmentation, pas massive mais une augmentation quand même, du nombre de cas graves », a déclaré le ministre samedi sur la chaîne BFMTV.

« On a une croissance aujourd’hui de 30 % du nombre de cas par semaine, de 15 % du nombre d’hospitalisations. Si on continue avec ce même rythme, on arrivera sur une situation critique en décembre dans plusieurs régions de France », a averti dimanche l’épidémiologiste Antoine Fontanet.

À Marseille (sud), plusieurs médecins sont d’ailleurs montés au créneau pour alerter sur la tension montante dans les hôpitaux, à l’instar du docteur Hervé Chambost, directeur médical de crise, qui assure que « les personnes à risque présentent de nouveau des formes graves et se retrouvent actuellement en réanimation ».

La France vire au rouge

Parallèlement, le gouvernement a placé dimanche sept nouveaux départements en « zone rouge », laquelle couvre désormais plus du quart des départements, dont quatre en outre-mer.

Malgré ce contexte préoccupant, le gouvernement envisage d’assouplir une des mesures appliquées dans le cadre de la lutte contre le coronavirus : la « quatorzaine », cette période de deux semaines d’isolement préconisée aux malades et aux « cas contacts » (susceptibles d’avoir été contaminés), pour limiter la transmission de la COVID-19, pourrait être raccourcie.

Le ministre de la Santé a indiqué samedi qu’il avait demandé « aux autorités scientifiques de donner un avis pour savoir si on ne peut pas réduire » la période d’isolement pour les cas contacts, estimant que « cette fameuse quatorzaine […] est sans doute trop longue ».

L’accès aux tests est quant à lui un sujet de préoccupation grandissant, les files d’attente et les délais de plus en plus longs pour obtenir les résultats amoindrissant l’efficacité de la riposte face à la COVID-19. Mais selon M. Véran, il devrait s’améliorer d’ici « deux, trois semaines au plus tard ».