(Moscou) L’opposante biélorusse Svetlana Tikhanovskaïa a appelé vendredi la communauté internationale à instaurer des sanctions contre le régime d’Alexandre Loukachenko et à envoyer une mission de l’ONU dans le pays pour y « documenter » les violations des droits humains.

« Mon pays est dans la tourmente. Des manifestants pacifiques sont détenus illégalement, passés à tabac et emprisonnés », a déclaré Mme Tikhanovskaïa par visioconférence lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU organisée à l’initiative de l’Estonie.

« Nous demandons à l’ONU l’envoi immédiat d’une mission de surveillance en Biélorussie afin de documenter la situation sur le terrain », a-t-elle ajouté.

Mme Tikhanovskaïa, qui estime avoir remporté la présidentielle du 9 août et est réfugiée en Lituanie, a jugé le pouvoir d’Alexandre Loukachenko en « banqueroute morale » et appelé la communauté internationale à aider à mettre fin au « mépris cynique envers la dignité humaine en plein milieu de l’Europe ».

Elle a appelé à introduire des sanctions contre les hauts responsables biélorusses qui « ont commis des violations électorales et des crimes contre l’humanité ».

Des dizaines de milliers de Bélarusses ont défilé depuis début août pour protester contre la réélection jugée frauduleuse d’Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994 dans cette ex-république soviétique.

ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Environ dix mille personnes s’étaient rassemblées le 30 août dans la capitale pour dénoncer l’élection, jugée frauduleuse, d’Alexandre Loukachenko.

Les premières manifestations après l’élection du 9 août avaient été réprimées par la force, faisant trois morts et des dizaines de blessés. Plus de 7000 personnes avaient été arrêtées, les personnes détenues faisant état de violences et de tortures.

Alexandre Loukachenko jouit jusqu’à présent du soutien de la Russie, son principal partenaire économique et allié, et dénonce un complot occidental visant à le faire chuter.

Le représentant russe au Conseil de sécurité de l’ONU, Dmitri Polianski, a dénoncé vendredi l’« ingérance flagrante de puissances étrangères » en Biélorussie.

Cette semaine, six journalistes biélorusses ont été arrêtés pour avoir couvert des manifestations étudiantes contre Alexandre Loukachenko. Vendredi, la justice les a condamnés à trois jours de prison.