(Londres) Les voyageurs arrivant de France au Royaume-Uni devront observer à partir de samedi à une quarantaine de deux semaines, a annoncé le gouvernement britannique, bousculant les vacances de centaines de milliers de personnes et s’attirant une promesse de « réciprocité » de Paris.

La décision britannique, qui concerne également les voyageurs en provenance des Pays-Bas, de Monaco et de Malte, fait suite à une inquiétante recrudescence de l’épidémie de coronavirus dans ces territoires.

Annoncée jeudi soir, elle s’applique dès samedi à 4 h (23 h vendredi, heure de Montréal), laissant une trentaine d’heures aux voyageurs impactés pour s’adapter si besoin.

« Nous avons fait tellement d’efforts dans ce pays pour abaisser les niveaux [de transmission de la COVID-19], la dernière chose que nous voulons c’est que des gens reviennent et ramènent le virus », a plaidé le ministre britannique des Transports Grant Shapps vendredi à la BBC.  

Paris a vivement réagi jeudi soir à cette annonce. Il s’agit d’« une décision britannique que nous regrettons et qui entraînera une mesure de réciprocité, en espérant un retour à la normale le plus rapidement possible », a tweeté le secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, Clément Beaune.

Cette mesure pourrait provoquer un exode de vacanciers britanniques désireux d’échapper à cette contrainte à leur retour. Eurotunnel a déconseillé aux voyageurs de se ruer vers le terminal. « Les clients ne pourront embarquer sur les navettes sans réservation valide », a tweeté la compagnie.

« Coup de massue »

« Environ 160 000 vacanciers » doivent rentrer du Royaume-Uni vers la France, a indiqué M. Shapps. En outre, plus de 300 000 Français vivent au Royaume-Uni, selon des chiffres de la diplomatie française de 2018, dont une partie profite de l’été pour se rendre dans son pays natal.

L’obligation de quarantaine fera rater les premiers jours de rentrée scolaire aux enfants dont les familles ont prévu de rentrer la seconde partie du mois d’août.  

« Nous prévoyons de rentrer plus tôt que prévu pour limiter les jours d’absence à l’école. C’est un coup de massue. Impossible d’assurer la rentrée de nos enfants avec cette quatorzaine », a témoigné auprès de l’AFP Cécile, Française de 41 ans installée à Londres. En vacances avec sa famille en Corse, elle avait initialement prévu de rentrer le 28 août, 5 jours avant la rentrée scolaire.

La mesure intervient alors que les indicateurs de suivi de l’épidémie de COVID-19 en France « continuent de se dégrader », a indiqué jeudi la Direction générale de la Santé (DGS), avec un nombre de nouveaux cas confirmés qui « augmente régulièrement ». Sur les dernières 24 heures, 2669 nouveaux cas ont été détectés [contre 2524 mercredi], a-t-elle noté dans son point quotidien.  

En juin, Londres avait imposé une quarantaine à tous les voyageurs arrivant sur son sol, avant de choisir finalement d’exempter en juillet certains pays d’origine de l’obligation de s’isoler.

Dès fin juillet, la quarantaine a été réintroduite sans mise en garde pour les passagers en provenance d’Espagne, destination touristique préférée des Britanniques.

L’application de cette mesure à la France n’est cette fois pas une surprise, la presse spéculant depuis des semaines sur sa mise en œuvre vu l’évolution de la situation sanitaire.

Le Royaume-Uni, pays d’Europe le plus touché par le virus, déplore à ce jour plus de 41 000 décès et son premier ministre Boris Johnson a été vertement critiqué dans son pays pour sa gestion de la crise sanitaire.

Amendes salées

Parallèlement, le gouvernement britannique a annoncé pour samedi la prochaine étape de son déconfinement, prévue initialement début août et retardée en raison de la résurgence des cas sur le sol britannique.

« Cette situation semble s’être stabilisée », indiquent les services du premier ministre dans un communiqué.

La réouverture en Angleterre des casinos, salles de quilles et patinoires en extérieur s'en vient. Les théâtres et salles de spectacles pourront également rouvrir en maintenant la distanciation sociale entre les clients.

« Comme je l’ai toujours dit, nous n’hésiterons pas à appuyer sur le frein si nécessaire », a averti Boris Johnson.

Tout en accordant davantage de libertés, le gouvernement a durci d’un autre côté les sanctions à l’égard des contrevenants, doublant ainsi l’amende imposée à ceux qui « passent outre de manière répétée les règles de port du masque », à un maximum de 3200 livres (5550 dollars canadiens).

De nouvelles règles viseront aussi ceux qui « organiseront des raves parties ou d’autres rassemblements illégaux de plus de 30 personnes ».