(Londres) Après de longues hésitations, le gouvernement britannique a décidé de rendre le port du masque obligatoire dans les magasins en Angleterre à partir du 24 juillet pour éviter une reprise de l’épidémie de nouveau coronavirus, mesure saluée mardi comme salutaire mais tardive.

« Alors que nous rouvrons les magasins, nous devons assurer la sécurité de nos commerçants », a déclaré devant le Parlement le ministre de la Santé Matt Hancock, « Porter un masque sera obligatoire dans les magasins et les supermarchés ».  

Selon le ministre, « les caissiers et les agents de sécurité ont souffert de manière disproportionnée de la crise » sanitaire, ces professions affichant une mortalité de 60 à 75 % plus élevée que le reste de la population.  

« Il est prouvé que le port du masque permet aux gens d’avoir plus confiance pour retourner faire des achats », a-t-il aussi souligné, alors que le gouvernement essaye de faire redémarrer une économie britannique mise à mal par la crise de coronavirus, qui a déjà fait plus de 44 500 morts dans le pays.  

Depuis le 15 juin, le port du masque était déjà obligatoire dans les transports en commun, mais seulement conseillé dans les espaces publics clos. La mesure entrera en vigueur dans dix jours, pour « donner un peu de temps aux gens pour se préparer », a expliqué le ministre de l’Environnement, George Eustice sur Sky News.

Elle ne s’appliquera ni aux pubs, ni aux restaurants, ni aux employés de supermarchés. Les contrevenants risqueront jusqu’à 100 livres d’amende (170 $ CAN), comme c’est déjà le cas dans les transports en commun.  

L’association des médecins britanniques a souligné que l’obligation du port du masque dans les magasins était « attendue depuis longtemps » et devrait être appliquée immédiatement.  

Le maire de Londres, le travailliste Sadiq Khan, a salué sur la BBC cette « volte-face » du gouvernement conservateur, soulignant que « cette petite mesure, combinée à d’autres, pouvait faire une énorme différence ».  

Le syndicat professionnel du commerce de détail a salué la « clarté » de cette obligation, après des « messages contradictoires » qui rendaient « vraiment difficile pour les gens de comprendre ce qu’ils devaient faire ».

Dans les rues de la capitale, les Londoniens sont divisés : « Ca pourrait poser problème aux personnes asthmatiques, mais tant que ces exceptions sont prises en compte, je n’ai pas de problème avec ça », a déclaré à l’AFP David Phillips, 53 ans.

Moins optimiste, Jessica Harvey pense que « certaines personnes tricheront et essaieront de les enlever une fois entrées dans les magasins ». « Je ne pense pas que c’est ce qu’il faut faire », dit la photographe de 23 ans à l’AFP, « honnêtement je pense qu’il est trop tôt pour rouvrir les magasins ».

Selon une étude de l’Académie des sciences médicales, une deuxième vague de nouveau coronavirus cet hiver pourrait faire jusqu’à 120 000 morts dans les hôpitaux du Royaume-Uni dans « un scénario du pire raisonnable » sans préparation adéquate.