(Londres) Une flambée de cas de nouveau coronavirus a poussé lundi le gouvernement britannique à durcir le confinement à Leicester (centre), au moment où il s’apprête à fortement assouplir les restrictions partout ailleurs en Angleterre et à annoncer un plan d’investissements pour relancer une économie mal en point.

Leicester est la première ville à se voir imposer des restrictions locales, qui seront réévaluées dans deux semaines, à contre-courant du déconfinement qui connaîtra une étape majeure samedi en Angleterre avec la réouverture des pubs, restaurants, hôtels et coiffeurs.

« Malheureusement, tandis que les cas ont baissé dans une grande partie du pays depuis le pic, ils ont continué à augmenter à Leicester », a déclaré le ministre de la Santé, Matt Hancock, à la Chambre des communes.  

Cette ville de quelque 340 000 habitants dénombrait « environ 10 % de tous les cas positifs du pays la semaine dernière », a-t-il ajouté.  

Les commerces « non essentiels », qui avaient rouvert mi-juin en Angleterre après avoir dû baisser le rideau fin mars, devront à nouveau fermer dès mardi ; et les écoles, accessibles depuis le début du mois à certains élèves de maternelle et primaire, à partir de jeudi.

« Nous devons contrôler ce virus. Nous devons maintenir les gens en sécurité. Ces actions sont aussi profondément dans l’intérêt national », a indiqué Matt Hancock, appelant la population à rester chez elle « autant que possible ».  

Près de 3000 cas ont été enregistrés à Leicester depuis le début de l’épidémie en mars, dont 866 au cours des deux dernières semaines, selon les autorités locales.   

En annonçant la levée progressive du confinement, le gouvernement avait prévenu qu’il pourrait mettre en place des restrictions au niveau local pour contenir une nouvelle vague incontrôlée de contaminations.  

Comme Roosevelt

Après avoir été très critiqué sur sa gestion de la pandémie, qui a fait 43 575 morts au Royaume-Uni, le premier ministre Boris Johnson a la délicate mission de réussir le déconfinement tout en relançant l’économie, durement frappée par la pandémie.  

Autour d’un millier de personnes sont déclarées positives chaque jour et certaines voix ont dit craindre un retour à la normale dangereux.

Si le Royaume-Uni est l’un des pays les plus endeuillés au monde, il est aussi l’un de ceux dont l’activité a été le plus affectée, le Fonds monétaire international (FMI) prévoyant une chute historique de plus de 10 % du Produit intérieur brut cette année.

Boris Johnson doit annoncer mardi cinq milliards de livres (5,4 milliards d’euros) d’investissements dans des projets d’infrastructures, s’inspirant du « New Deal » du président américain Franklin D. Roosevelt.  

« Nous allons construire, construire, construire. Reconstruire en mieux, reconstruire en plus vert, reconstruire plus rapidement », doit dire le dirigeant conservateur dans un discours à Dudley (centre), selon des extraits diffusés par ses services.  

« Cela semble positivement “Rooseveltien”. Cela ressemble à un “New Deal” », doit-il souligner en référence à l’auteur de la politique dite de la « Nouvelle donne » qui avait permis de relancer l’économie américaine par la demande et l’intervention de l’État après la Grande Dépression des années 1930.

Lors de sa campagne électorale à l’automne dernier, Boris Johnson s’était déjà engagé à injecter des millions dans les services publics, lui permettant de remporter des bastions travaillistes dans les régions défavoriser du Nord de l’Angleterre.

« De trop nombreuses parties de ce pays se sont senties oubliées, négligées, délaissées […] Je veux que vous sachiez ce gouvernement n’a pas seulement une vision pour changer ce pays en mieux, nous avons la mission d’unir et de passer au niveau supérieur », doit-il dire.  

Le programme d’investissements prévoit notamment d’allouer 1,5 milliard de livres à l’entretien d’hôpitaux et 1 milliard à un plan de reconstruction d’écoles.

La pandémie est un « véritable cauchemar » économique pour le pays, « mais le Royaume-Uni est une économie incroyablement dynamique et résiliente et nous allons surmonter cela très, très bien », a-t-il affirmé lundi sur Times Radio.

Le ministre des Finances présentera le budget à l’automne, a-t-il indiqué, assurant qu’il n’y aurait pas de retour à l’austérité, comme celle mise en place par les précédents gouvernements conservateurs.  

Le chef du Parti travailliste, Keir Starmer, a lui plaidé pour un budget d’urgence dès juillet, dans la perspective d’une hausse du chômage quand les aides instaurées par le gouvernement cesseront.